Il a donné de sa sueur, de ses muscles et même de ses convictions. Le lutteur Tapha Mbeur s’était jeté corps et âme dans le combat politique aux côtés de certains leaders du parti au pouvoir. Mais aujourd’hui, il se sent seul. Abandonné. Pire : ignoré. Il appelle, ils ne répondent plus. Le lutteur est resté avec son téléphone comme avec un adversaire trop rapide : l’oreille tendue et le vide en face. C’est qu’en politique, les corps à corps sont plus feutrés. Pas de sable, pas de sueur, pas d’arbitre. Juste des alliances, des calculs… et parfois, des numéros bloqués.
Tapha Mbeur reproche à ses anciens camarades de l’avoir laissé sur le carreau, lui qui croyait que l’engagement politique, c’était comme l’arène : chacun y donne tout, et le meilleur gagne. Mais la politique n’a rien d’un combat loyal. Elle aime les discours ronds, les poignées de main moites, et les disparitions opportunes après la victoire. Il y a donc des lutteurs qui tombent sans qu’aucune cloche ne retentisse. Et des leaders qui oublient que, même en politique, l’élégance consiste parfois à rappeler ceux qui n’ont pas ménagé leur dos pour votre cause.
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