Il faut le dire sans ambages : le niveau du débat public au Sénégal est au ras des pâquerettes. Plus besoin d’arguments construits ; il suffit d’avoir de la tchatche et de crier plus fort que son contradicteur pour s’imposer – du moins aux yeux de ses partisans. Ces derniers s’empressent ensuite de célébrer la « victoire de leur champion » sur les réseaux sociaux, à coups de petites vidéos virales qui tournent en boucle. Mais que retire-t-on de ces échanges à fleurets mouchetés ? Rien. Or, un débat devrait avant tout être un espace d’enrichissement mutuel entre les intervenants, et de transmission d’une information fiable au public. Apparemment, c’est trop demander sous nos latitudes. Ici, on débarque sur les plateaux télé le dard bien caché sous le manteau, prêt à le planter au moment opportun. Piques assassines, petites phrases mesquines, parfois grotesques… Les débats ressemblent de plus en plus à des combats de gladiateurs : à la vie, à la mort. Et au final, tout le monde en ressort meurtri.
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