Deux sachets de couscous abandonnés à la hâte au camp des pèlerins sénégalais à Mina. Ce n’est peut-être pas une information croustillante pour vendre un journal dakarois, à des milliers de kilomètres de La Mecque, mais c’est la question de savoir à qui appartient ces deux précieux « mbouss de Thiéré » qui valent leur pesant d’or. Oui, c’est délicat pour un Sérère découvreur de ce renfort ou « couchant » ramené du Sénégal en Arabie Saoudite, par avion dans les bagages d’un pèlerin, de demander à d’autres compagnons de la foi à majorité des cousins Peuls et Diolas : « Qui a oublié ses deux sachets de couscous secs sous son petit matelas ? ». Il fallait entendre les rires étouffés et la clameur soulevée malgré la solennité des moments, sous le chaud soleil de Mina. Et jusqu’à la fin du pèlerinage, personne n’a voulu être le propriétaire de cette provision de couscous, pourtant un trésor dans ces montagnes austères où l’eau et les aliments sont si vitaux. L’imprudent a préféré perdre son « dîner » de plusieurs soirs plutôt que la face devant ses cousins…
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