Il ne s’est pas « effondré », il est mort. C’est tout. Et c’est déjà beaucoup. Depuis quelque temps, les journalistes aiment parler d’« effondrement » à la mort d’une personnalité. Comme si le destin, pudique, n’osait plus frapper. Comme s’il fallait camoufler la brutalité du mot derrière une image plus théâtrale. Un homme s’écroule, comme un mur, une façade ou une statue.
Il ne meurt pas, il s’effondre. Peut-être parce qu’ainsi, il pourrait se relever. Mais on ne se relève pas de la mort. On y entre. En silence ou dans le fracas, peu importe. Elle ne fait pas partie des accidents de parcours. Elle est le terme. Le dernier mot, celui qu’on ne discute plus. La mort n’est ni une chute ni une glissade. Elle ne ressemble pas à l’instant où tout s’écroule. Elle est un passage obligé. Chacun y voit ce qu’il veut. Mais il est étrange de lui retirer sa solennité en la réduisant à un effondrement, comme si le trépas d’un homme n’était qu’un glissement de terrain. On ne meurt qu’une fois. C’est cela qui donne tout son prix à la vie. Le reste, ce sont des figures de style. Des pirouettes sémantiques pour éviter de dire l’indicible. Il ne s’est pas effondré. Il est mort. Et il faut bien l’écrire. sidy.diop@lesoleil.sn