Depuis le changement de pouvoir, les voix s’élèvent, plus nombreuses chaque jour, pour que la justice passe à l’action. Et vite. Des proches de l’ancien régime de l’Apr sont dans le viseur. On parle de détournements, d’abus, de passe-droits. Le nouveau ministre de la Justice est sommé de faire le ménage, et de le faire sans tarder.
Mais la justice, ce n’est pas une tornade. C’est une balance. Elle pèse, elle soupèse, elle prend le temps. Or la colère, elle, est impatiente, exigeante, emportée. Elle réclame des coupables avant même qu’on ait démêlé les faits. Elle veut punir, plus qu’elle ne cherche à comprendre. Et là réside le danger.
Les Sénégalais ont soif de vérité, pas de règlements de comptes. La justice rendue sous pression perd sa légitimité. À vouloir la précipiter, on l’affaiblit. L’équité ne se décrète pas, elle se construit – avec rigueur, méthode, et surtout, indépendance. La justice ne se rend pas au rythme des passions populaires. Elle avance à pas lents, mais sûrs. Et si elle est parfois en retard, c’est pour mieux viser juste.
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