Quelle douce musique que ce jubbal de l’interpellation parlementaire, cette nouvelle danse nationale où l’on trébuche sur les tapis persans à un million le mètre carré ! Voilà donc Guy Marius Sagna, tribun debout comme un baobab, à soulever les moquettes du ministère de l’Éducation nationale. Il flairait quoi ? Du thé noir à 650 000 francs ? Du croissant doré à la sueur du contribuable ? Chevalier du contrôle budgétaire, il brandit sa plume comme une épée : le bureau à deux millions ? Trop brillant, ça éblouit la vertu !
Le petit déjeuner du ministre ? Trop beurré, ça glisse vers l’indécence ! Le député a cette manie d’interroger. Il envoie des lettres. Il exige des réponses. Et derrière ses questions écrites, il y a une autre question, plus vaste : comment ceux qui nous gouvernent perçoivent-ils leur mission ? Guy Marius ne crie pas, il note. Il n’accuse pas, il demande. Et ses questions, si concrètes, résonnent avec les préoccupations ordinaires. Le luxe discret des ministères fait parfois oublier la sobriété que le peuple attend. À force de vivre dans le confort, certains responsables oublient que le pouvoir n’est pas une récompense, mais une charge. sidy.diop@lesoleil.sn