À Diourbel, un homme a tué sa femme parce qu’elle n’avait pas préparé le repas. Un bol de riz manquant, et la vie s’arrête. Brutalement.
Silencieusement. Comme si elle valait si peu, cette vie-là. On pourrait s’indigner, s’émouvoir, promettre de ne pas oublier. Mais déjà l’actualité galopante relègue cette tragédie à l’arrière-plan. Ce n’est qu’un fait divers, dira-t-on. Hélas, dans le Sénégal des profondeurs — celui des concessions ouvertes au vent, des palabres sous les manguiers, des femmes pliées sans jamais rompre — ce n’est pas si divers que cela.
Car là-bas, la femme porte le pagne… et le pantalon. Elle fait bouillir la marmite avec trois bouts de charbon et un peu de courage. Elle élève les enfants, rassure la belle-famille, s’active dans les champs ou les marchés, sourit quand le cœur pleure. Elle avance, tête haute, mais toujours à l’ombre d’un mari qui s’arroge le droit de vie, de mort, et parfois de gifle. Et tout cela pour un bol de riz. Ce n’est pas le plat qui manque. C’est l’humanité. sidy.diop@lesoleil.sn