Le multipartisme intégral a favorisé l’éclosion de partis politiques au Sénégal. Et à la faveur de la première alternance démocratique à la tête du pays, les formations ont poussé comme des champignons dans le paysage politique. Un chiffre de 300 était même avancé. L’on parlait alors de « partis cabine » pour railler certains leaders qui cherchaient désespérément militants pour tenir ne serait-ce qu’un meeting. Juste une dizaine de formations pouvaient vraiment drainer les foules, vendaient des cartes de membres, avaient une école du parti et parvenaient à élire un député. Aujourd’hui, la donne est l’armée de pseudo-militants, sans cartes de membres ou affiliation associative, qui décident, vocifèrent, tancent tous les adversaires déclarés de leurs leaders de parti. À la télé, sur les plateformes digitales, ces militants virtuels se prononcent sur tout, opposent leur véto sur les décisions des fondateurs du parti. L’on est alors loin des standards qui régissent les premières formations politiques sénégalaises, avec leurs comités centraux, bureau ou secrétariat national, fédérations régionales, etc. Il est maintenant venu le temps des « militants » gladiateurs, qui sans foi politique ni culture démocratique, se substituent « au peuple » silencieux et posent leur diktat. Autres temps, autres mœurs politiques.
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