«On nous cache tout, on nous dit rien », chantait Dutronc. Il ignorait sans doute qu’il décrivait aussi bien son époque que la nôtre. La dette ? Cachée. L’épouse ? Cachée. La fortune ? Dissimulée.
Tout ce qui devrait être clair et limpide finit sous le tapis, derrière un rideau, dans un compte offshore. Le phénomène n’a pas de frontières. Un ministre jure qu’il ne possède rien, avant qu’un enquêteur trop curieux ne tombe sur un joli pactole oublié.
Un chef d’entreprise, en pleine faillite, pleure sur le sort de ses salariés, tout en préparant son exil fiscal sous les cocotiers. Même en amour, la mode est au mystère : certains cachent leurs doubles vies avec autant de soin qu’un banquier suisse protège ses clients. Mais ne soyons pas naïfs. Si l’on cache, c’est que l’on craint d’être vu.
L’ère de la cachotterie est aussi celle de la révélation. Tout finit par éclater, souvent trop tard, parfois trop tôt. Et pendant que certains s’ingénient à masquer, d’autres s’emploient à dévoiler.
Les temps modernes n’ont pas seulement inventé l’art de la dissimulation, ils ont aussi perfectionné celui de la fuite. À force de jouer à cache-cache avec la vérité, il arrive toujours un moment où quelqu’un soulève le voile. sidy.diop@lesoleil.sn