Ne faudrait-il pas interdire le déjeuner aux hommes ? La blague osée par une internaute sous un post relatant du meurtre de Mariama Bâ par son époux S. Kâ à Sinthiou Boye dans le Koumpentoum peut être prise comme mal placée, voire sordide. Mais cette dérision pointe du doigt la récurrence des cas d’uxoricide, de féminicide et de violences faites aux femmes, avec pour exutoire le « refus de l’épouse de servir le déjeuner à son mari ». Si ce n’est pas des cas de jalousie, prétexte souvent servi par l’époux, c’est devenu récurrent au Sénégal qu’un drame conjugal porte sur le même objet, un repas qui tarde à être servi, si ce n’est un mets tiède ou un plat très peu apprécié, et voilà le mari dans tous ses états. D’où cette ironie glauque de l’internaute, d’interdire le repas aux hommes. Dans ce dernier cas en date, l’époux, un cultivateur de retour des champs, a asséné des coups… de hache à la tête de sa femme qui n’avait pas préparé le déjeuner. « Ventre affamé n’a point d’oreilles », dit bien le proverbe. La faim a perdu S. Kâ. Mariama Bâ en est morte. Dramatique.
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