À l’approche de la Tabaski, le mouton devient roi… et nous, ses sujets anxieux. Même les poches les plus vides se mettent en mode « mission mouton impossible ». Pourtant, l’islam le dit clairement. La chèvre est acceptée, à défaut d’acquérir un bélier.
Mais ici, au Sénégal, sacrifier une chèvre, c’est comme arriver à un mariage en sandales : correct, mais socialement suicidaire. Allez demander à un père de famille de ramener une chèvre. Hélas, beaucoup préféreraient vendre leur dignité en leasing plutôt que d’assumer un choix jugé moins prestigieux. Alors, on s’endette, on triche, on magouille… tout ça pour faire bêler plus fort que le voisin.
Le mouton n’est plus un rite, c’est une compétition nationale. Et la chèvre, dans tout ça ? Elle ne fait pas rêver ; elle n’a pas de cornes majestueuses. Elle n’a pas non plus la « cote ». Et pire : on l’accuse même de ne pas avoir de bonnes côtelettes. Dans le four ou dans la marmite ? salla.gueye@lesoleil.sn