Il voulait devenir président. Il a fini député. Et depuis, Amadou Ba s’efface. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas une critique, même feutrée. À l’Assemblée, il siège en silence. Dans l’opinion, il se tait aussi. Un opposant discret, presque invisible. Ex de tout, sauf peut-être de lui-même. Ex-ministre des Finances (où il comptait bien), ex-Premier ministre (où il comptait pour du beurre), ex-candidat à la présidentielle (où il n’a pas compté du tout)… Le voilà désormais exaspérément discret, comme s’il avait troqué la parole contre le silence, l’ambition contre la pause. Il avait tout pour rester dans le jeu. Il a choisi la marge.
Élu député ? Oui, mais en mode figurant. L’homme a le siège, mais pas la voix. Il traverse l’Assemblée comme un fantôme sous anesthésie, sans un mot plus haut que l’autre, sans même un haussement de sourcil républicain. On dirait qu’il attend que la tempête passe, qu’on oublie qu’il voulait être capitaine. Pour se faire mieux oublier, le voilà qui nous sort ce chef-d’œuvre de prudence : « Il faut laisser le gouvernement travailler. » Ben voyons. Avec ça, Pastef peut dormir tranquille. sidy.diop@lesoleil.sn