Mia Guissé, jean moulant comme une promesse de scandale, monte sur scène, se trémousse comme si la vie en dépendait, et répète, haletante, des mots crus, l’effet est immédiat. Et panique dans les rangs des gardiens de vertu : Jamra sort du congélateur, clignote des yeux, renifle l’air et s’écrie — Astaghfiroulah ! — pornographie verbale ! Atteinte aux bonnes mœurs ! Rien que ça. La bride de la censure est lâchée, tout droit sortie du missel de la bienséance made in Dakar.
À croire qu’une hanche qui balance est plus dangereuse qu’un détournement de fonds, et mérite plus de procès que mille discours creux sur la scène publique. Car soyons sérieux : depuis quand une combinaison trop serrée devient-elle une affaire d’État ? Depuis que le gendarme des mœurs a confondu une scène de concert avec un tribunal. Et nous voilà sommés de choisir : décence ou décadence ? Chanteuse ou sorcière ? Mia chante, danse, vend du rythme et de l’attitude. Elle ne vole pas, ne ment pas, ne trahit pas. Elle ondule. Et ça, apparemment, c’est pire. Allez Jamra, un effort : laissons les artistes faire des vagues. Le peuple, lui, sait très bien quand il y a obscénité. Et ce n’est pas toujours sur scène. sidy.diop@lesoleil.sn