Le Sénégal ne manque pas de talents. On sait faire des discours béton, des prières solides… mais alors, dès qu’il s’agit de construire un immeuble, beaucoup perdent le niveau.
Résultat : un bâtiment s’effondre à Touba, trois morts. Quelques jours plus tôt, un autre s’était déja allongé comme un vieux tabouret, emportant 11 vies. À Dakar aussi, plusieurs chantiers sont mortels !
Bilan ? Des larmes, des excuses, une enquête (comme d’habitude) et quelques enveloppes de compassion, bien scellées, elles, au moins.
Pourtant, le pays compte plus de 1. 400 immeubles menaçant ruine, selon un décompte des autorités. Mais certains continuent de bâtir comme on joue à Jenga : sans ingénieur, sans permis, mais avec beaucoup de foi.
On dit souvent que l’Afrique est en chantier. Chez nous, le chantier est permanent… et parfois mortel. À force d’empiler les drames, c’est le peuple qu’on enterre.
Au Sénégal, l’oubli est le seul matériau qui ne coûte rien… et qui dure toujours. salla.gueye@lesoleil.sn