À Pikine, le tribunal a été transformé en théâtre d’improvisation judiciaire. Sur scène, Mame Diarra Sow, mareyeuse de profession, procureure de loisir, gendarme du dimanche, et visiblement détentrice d’un doctorat en escroquerie appliquée. Le scénario, digne d’un téléfilm, commence dans les couloirs de la Section de Recherches. Une mère en détresse, un fils en garde à vue, et Mame Diarra qui entre en scène, drapée dans la compassion et l’audace : « Je peux faire sortir votre fils, je connais le procureur ». On aurait cru entendre un ange du Code pénal.
Le lendemain, dans les bureaux du tribunal, elle pousse le génie jusqu’à organiser un ballet d’appels fictifs et d’allées stratégiques. Elle aurait presque mérité une nomination aux César de la supercherie, catégorie meilleure actrice dans un rôle de substitut du procureur. Mais hélas, le vrai procureur, moins distrait qu’un figurant, a flairé la combine. L’arrestation fut immédiate, et Mame Diarra Sow découvrit que, parfois, la justice, la vraie, ne supporte pas qu’on la joue.
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