À Saint-Louis, ville où le vent de mer n’a jamais su se taire, souffle une drôle de bourrasque monétaire. Une pièce, pas une pièce d’art, ni de théâtre, non. Une simple rondelle de 250 FCfa. Elle brille, elle sonne juste, elle a cours légal, mais elle ne passe plus nulle part.
Les boutiquiers lui font la moue, les chauffeurs de taxi la recrachent comme un noyau d’olive, les banques s’en lavent les mains, et même les pharmacies – pourtant censées soigner tous les maux – la rejettent comme un virus. Pourquoi ? Mystère. Personne ne sait, tout le monde subit. On dirait une mauvaise blague collective, mais avec zéro rire à la fin. Pas de décret, pas d’arrêté, juste un «non» généralisé qui plonge les habitants dans l’absurde. On tend la pièce, on vous regarde comme si vous veniez de proposer une dette grecque en gage. Et pendant ce temps-là, l’économie trinque et les gens râlent, à juste titre. Les Saint-Louisiens, avec leur élégance lasse, ont décidé de hausser la voix. Un appel aux autorités, aux banques centrales, aux féticheurs si besoin. Que quelqu’un, quelque part, redonne à cette pièce son droit d’exister. Parce qu’en ces temps où chaque franc compte, rejeter 250 FCfa, c’est faire insulte à la fin du mois. sidy.diop@lesoleil.sn