Le métier de député, jadis synonyme d’immunité en béton armé, ressemblerait-il aujourd’hui à une carrière précaire ? On en viendrait presque à plaindre ces honorables messieurs dont le passeport diplomatique ne protège plus des tempêtes judiciaires. Il y a d’abord eu Farba Ngom, dont l’immunité a sauté comme un bouchon de boisson gazeuse. Et voici que l’on parle maintenant d’Amadou Ba et de Birima Mangara, ex-ministres, ex-premiers de quelque chose, ex-intouchables (Libération du 3 février). Le casting est lancé. Les prétoires risquent de vibrer. Il faut dire que l’époque où un mandat valait sauf-conduit semble révolue. Jadis, l’écharpe tricolore servait de pare-feu contre les convocations trop insistantes. On légiférait, on voyageait en business class et on rentrait à la maison sans crainte de croiser un juge. Aujourd’hui, le métier de député devient à haut risque : la levée d’immunité est devenue une sorte de mode, une tendance politique presque aussi virale qu’un scandale sur TikTok. Être député, c’était jadis un investissement à long terme, un Cdi en or. C’est peut-être en train de devenir un Cdd, mais après tout, il y a pire : redevenir simple citoyen. sidy.diop@lesoleil.sn