Il y a quelques semaines, une influenceuse très suivie annonçait, comme s’il s’agissait d’un exploit national, qu’elle retirait son voile.
L’annonce a secoué les réseaux comme une qualification en finale de Can. À peine le buzz digéré, un autre influenceur surgit avec un communiqué officiel pour annoncer, très sérieusement, son divorce. Six mois de mariage – visiblement trop longs pour TikTok – et le voilà qui remercie ses abonnés pour leur « soutien dans cette épreuve ».
Normal ! Car chez nous, ce ne sont plus les écrivains, les profs ou les penseurs qui font l’opinion, mais ceux qui savent aligner trois stories et un filtre pour expliquer pourquoi « ça n’a pas marché ».
On commente, on partage, on compatit en émojis. Les « confidences exclusives » font désormais office de débats de société. Il faut dire qu’un bon buzz vaut bien un diplôme, et qu’un cœur brisé, bien mis en scène, peut faire gagner 20.000 abonnés.
Dans ce pays si fascinant où l’on confond désormais popularité et pertinence, où le like a plus de poids qu’un argument, et où la vie privée n’a d’intime que le mot, l’Histoire finira par s’écrire en légendes de photos.*
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