L’île du diable. L’expression ne renvoie pas à l’île-prison tristement célèbre du bagne de Guyane de 1852 à 1946 qui a notamment accueilli Alfred Dreyfus. Bien qu’elle partage ce nom évocateur, l’île du diable de Sédhiou a une histoire différente principalement liée à des mythes et légendes. C’est une petite île sauvage et isolée au milieu du fleuve Casamance. Les populations riveraines la considèrent comme un lieu hanté par des esprits maléfiques, où personne n’ose s’aventurer sans raison valable. La légende raconte que le diable y aurait élu domicile après un pacte avec le fondateur de la ville de Sédhiou. Des récits font également état de morts étranges d’ouvriers français qui tentaient d’y construire une prison en 1936, abandonnant finalement le projet.
Contrairement à l’île du diable en Guyane qui est devenue une attraction touristique majeure, celle de Sédhiou n’est pas valorisée à cause de la barrière psychologique. En effet, malgré le temps qui passe, les populations sont convaincues que ce lieu est empreint de mystère. Pourtant des voix s’élèvent pour faire du site un levier de développement du tourisme local. Toutes les initiatives entreprises n’ont pas abouti. S’il est possible de louer une pirogue pour s’y rendre et observer la faune (notamment des pélicans), peu de gens osent y passer la nuit. Les légendes surtout celles qui ont une dimension mystique ont la peau dure. Un aspect sur lequel autorités locales et acteurs touristiques pourraient s’appuyer pour en faire un haut lieu du tourisme local. En effet, dans un monde connecté, l’authenticité est de plus en plus recherchée. Les lieux qui conservent leur part de légendes offrent une expérience unique et authentique. Le séjour d’un jeune américain avec ses amis dans ce lieu peut être vu comme un verrou qui saute, marquant potentiellement un tournant significatif. Ainsi, l’île du diable associée uniquement à la crainte et au mystère, pourrait être considérée comme un lieu d’exploration unique.
Par Mamadou GUEYE