Deux reporters français, traversant une zone non militaire cisjordanienne pour réaliser un documentaire sur le siège palestinien, se font interpeller par un Israélien furieux depuis sa voiture. Pointant d’abord sur le duo une arme, il menace ensuite clairement de mort les journalistes avant de débiter une diatribe sioniste engrossée de mensonges (Source : la page Charles Villa sur YouTube). « … la Palestine, ça n’existe pas.
La Palestine, ce n’est que la terre d’Israël depuis 5.000 ans. Ça fait 50 ans qu’ils nous les cassent avec leur terre. Quelle terre ! Montre-moi un monument de la culture palestinienne. Montre-moi quelque chose d’historique, une trace qu’ils étaient ici », s’énerve le sioniste.
Avant d’aller plus loin, disons-le tout de suite : il ment, pire qu’un arracheur de dent ! Ce qu’il dit est aussi faux que le statut qu’il prétend pour son peuple errant jusqu’à récemment dans l’histoire, accueilli en 1948 par … les Palestiniens déjà implantés. Une exposition en donne des preuves actuellement, à Paris.
À l’Institut du monde arabe de Paris se tient une exposition témoignant du passé de la bande de Gaza. Ce territoire, assiégé et croulant sous les bombes de Benyamin Netanyahu et du Tsahal, ancien carrefour commercial liant l’Asie et l’Afrique, voit de loin son patrimoine, sa mémoire et sa grandeur s’affirmer dans ces murs parisiens. Dans cette quiétude muséale, le bruit de la vérité historique n’en est pas moins très fracassant, presqu’autant que les assauts du voisin encombrant et assassin.
L’expo « Trésors sauvés du Gaza : 5.000 ans d’histoire » est organisée avec l’aide du Musée d’Art et d’Histoire de Genève (Suisse, pays réputé neutre) et l’Autorité palestinienne (Ah !), deux symboliques qui s’ajoutent à celle d’être abritée par l’Institut du monde arabe. À propos…
Enfin, laissons la Ligue arabe tranquille. Jack Lang, l’ancien ministre français de la Culture et président de l’Institut du monde arabe, sur le sens éthique et politique de l’initiative, soutient que « C’est une réponse non par la violence, mais par la culture, par la science, par le savoir, par l’art ».
L’archéologue Elodie Bouffard, la curatrice, explique, à son tour, que Gaza est l’aboutissement des grandes routes caravanières venant de toute l’Arabie et d’Inde, et de sa frontalité avec la Méditerranée.
Elle affirme que si on perce la ville, on trouverait 8 couches de civilisations. Les propos de l’ancien ministre et de l’archéologue font sens. Surtout sur le principe de la conservation et de l’affirmation historique. Les 130 pièces de l’exposition sont des témoins de l’Histoire. Au-delà du caractère probant, elles s’adressent mieux que tout autre aux peuples d’aujourd’hui et de demain.
Elles révèlent la vérité, racontent un statut et des identités plurielles, éclairent les traits d’un patrimoine et la sève qui le nourrit. Il y a une époque où on parlait de Constantinople, des Empires romain, Songhaï, du Mali ou des Vikings.
Aujourd’hui, les noms et tracées sur la carte diffèrent, mais les cultures gardent leurs propriétés et vibrations profondes. Le Lébou, comme le Koniagui, le Diola, le Peul, le Balante, le Sérère, le Wolof, etc., ont chacun des spécificités qui les distinguent. Mais ces communautés s’inscrivent dans le régime national sénégalais, en restant des entités culturelles avec des patrimoines splendides et des trésors particuliers.
Le principe de gentilé, tel que conçu dans les États modernes, est récent et n’est pas le plus important en l’espèce. Revenons à l’Israélien cité ci-haut. Il devrait savoir que Gaza, comme tout le territoire que disputent les sionistes, ne saurait non plus être accaparé par eux au détriment de tous les peuples et civilisations qu’elle a abrités. Puis, si ce territoire est vraiment à Israël, pourquoi son État s’échine autant à l’anéantir, ses symboles culturels avec ? Jean-Baptiste Humbert sert un questionnement éclairant.
« Quand on voit Israël, très féru d’archéologie et qui en a fait son étendard, et vu sa revendication historico-idéologique et politique, la question est pourquoi Israël détruit le patrimoine de Gaza ? », se demande l’archéologue, relevant une nette volonté d’effacer un patrimoine et des traces de l’Histoire. (NB : Par étendard, il parle de l’étoile de David sur le drapeau israélien, un symbole justement utilisé auparavant par plusieurs cultures et religions).
À noter que 43 sites d’intérêt historique et artistique ont été détruits à Gaza (Unesco). Enfin, nous le défendons ici chaque jeudi : préservons et valorisons la mémoire et nos patrimoines. La culture restera le meilleur témoin du passé et de ses réels, notamment au travers du génie des arts. mamadououmar.kamara@lesoleil.sn
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)