Pour ses retrouvailles, samedi dernier, avec le flambant remis à neuf stade L.S. Senghor après quelques piges à l’annexe du stade Abdoulaye Wade de Diamniadio ouvert aux quatre vents et difficile d’accès, le Meeting international d’athlétisme de Dakar espérait certainement un retour plus clinquant.
Pour passer de sa catégorie Argent actuelle à la catégorie Or, il devra peut-être patienter plus longtemps que les trois ans qu’il s’était fixé comme deadline il y a quelque temps. Surtout qu’hier, en début d’après-midi, les résultats techniques officiels se faisaient toujours attendre. Déjà que certains puristes s’offusquaient du niveau du plateau proposé marqué par l’absence de grands noms de la première discipline olympique… Voilà en plus que deux des trois têtes d’affiches locales ont brillé par leur absence : Cheikh Tidiane Diouf sur le Tour de piste et Louis-François Mendy sur les Haies hautes. Seule la spécialiste des Sauts horizontaux, Saly Sarr était de la partie. Mais le nouveau sautoir, déplacé de l’autre côté de la verte et belle pelouse, vers la tribune découverte désespérément vide de spectateurs, était bien trop loin du public agglutiné dans la tribune couverte pour que la triple-sauteuse pût réellement bénéficier du soutien de ses supporters. Mais, en grande compétitrice, Saly Sarr n’en a pas trop souffert puisqu’elle a remporté son concours avec 14 m.
Pareil pour l’autre sauteur, Amath Faye qui a honoré son statut de capitaine d’équipe en s’imposant autant à la longueur qu’au triple saut avec respectivement 7,73 m et un peu plus de 16 m. Des supporters, disais-je ? Pas très sûr. Plutôt des …mélomanes qui ont plus vibré lors des prestations des artistes-chanteurs Amadeus, VJ et autres Cherifou ou PPS dont ils ont repris les paroles des tubes à en perdre l’haleine. Un public majoritairement très jeune qui semblait en pincer plus pour la musique que pour le sport. Sauf lors du 5000 mètres, une épreuve d’ordinaire si monotone et ennuyeuse (vous imaginez, 12 tours et demi…) que certains grands meetings internationaux ont pensé à la retirer de leur programmation pour ne pas dire à la sacrifier sur l’autel du spectacle. Mais le Marocain Ayoub Ezziabi l’a rendu attrayante pour s’être offert un rab de 400 m pour tenter de se payer un tour de piste complet d’avance sur ses concurrents sénégalais.
La belle résistance que l’un d’eux lui a servie dans les 50 derniers mètres a eu le mérite de rappeler au public qu’il était venu assister à un meeting d’athlétisme et non à un play-back d’artistes. Peut-être aussi que ce public était venu (re)découvrir le stade L.S. Senghor qui accueillait sa première compétition depuis sa remise à neuf, en attendant la prochaine sortie des « Lions » du football en septembre face au Soudan en éliminatoires de la Coupe du monde « États-Unis – Canada – Mexique 2026 ». Il a ainsi vu un stade qui a réussi sa cure de jouvence, un cadre répondant parfaitement aux normes internationales et qui méritait une « inauguration » plus alléchante.
Des efforts, ce meeting doit en consentir encore beaucoup pour retrouver le niveau qui lui avait permis en 2010 de figurer parmi ceux du Challenge mondial IAAF. De ne s’être plus tenu de 2016 à 2022 et sa délocalisation à Diamniadio semblent avoir négativement impacté son essor. Le bon point enregistré, c’est cependant la notable participation des très jeunes, probables futures stars, dans le sillage du thème de cette année « Le sport à l’école en perspective des JOJ » de l’année prochaine à Dakar. Mais là aussi, il y a du boulot à faire, ainsi que les « demi-fondeuses » du 800 m s’en sont rendu compte face à la jeune Marocaine qui les a littéralement bouffées.