Que seraient nos grandes villes sans l’apport des femmes rurales ? Cela peut paraître paradoxal, mais elles font partie de ceux-là qui font fonctionner les grandes agglomérations. Loin d’être de simples éléments du décor de nos rues et ruelles, ces braves dames illuminent notre quotidien. Souvent leurs journées sont longues et pénibles. Car partagées entre la gestion de leur foyer, les travaux champêtres et le marché pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Elles donnent à manger, elles cultivent et commercialisent.
Certaines d’entre elles parcourent des kilomètres pour se rendre dans les centres urbains pour écouler leurs marchandises avant de retourner tard chez elle. C’est le cas de Fatou Badiane, une dame courageuse et digne qui, plusieurs années durant, quittait Nguekhokh, une localité à l’entrée de Mbour pour venir à Yarakh vendre du lait. Elle réussissait parfois à écouler tout son produit ; ce qui n’était pas le cas pour d’autres jours où elle rentre tard le soir, bredouille. Comme elles, ces femmes rurales sont nombreuses à arpenter les rues de Dakar pour approvisionner la capitale en produits divers. Certaines viennent des Niayes (Keur Abdou Ndoye, Kayar, Notto, Mboro etc) trimballant des sacs remplis de légumes. Ce sont elles qui alimentent les marchés dakarois. D’autres viennent de Thiès, Tivaouane et Thiénaba pour vendre des noix d’acajou grillées, des cacahuètes et des fruits provenant des vergers. On ne le dira jamais assez, les femmes rurales sont braves et travailleuses. D’ailleurs certaines d’entre elles, à force de persévérance, ont réussi à devenir de grandes productrices de riz comme Korka Diaw, dans le Walo ou encore Fanta Souaré, surnommée la « reine du fonio » dans la zone de Tambacounda et de Kédougou où elle a fini de se faire un nom.
Seulement, ces femmes aussi importantes qu’elles puissent être dans notre tissu économique ne bénéficient pas encore de la considération qui sied. Leur travail n’est pas assez valorisé, leur courage n’est pas assez loué et pourtant, elles nourrissent, par leur sueur, des millions de bouches.
Avec seulement un petit lopin de terre, elles parviennent à réaliser d’excellentes récoltes. L’autosuffisance alimentaire qui a toujours été un objectif de nos gouvernants ne peut être atteinte si l’on continue à les mettre à l’écart. Car c’est toujours avec dévouement et engagement qu’elles mènent les activités agricoles.
Malheureusement, elles peinent la plupart du temps à avoir un accès à la terre. Souvent pour des raisons culturelles et sociologiques, elles sont privées de foncier au moment du partage des terres. Au quotidien, elles luttent pour leur autonomie financière. Ce qui leur permet de ne dépendre nullement de leur mari et sur aucune autre personne.
Malheureusement, rares sont les personnes qui prennent leur défense et soutiennent la cause de ces braves dames. En matière de leadership, elles sont laissées en rade. L’élite intellectuelle, provenant du monde universitaire ou des Ong, parle au nom de ces femmes. Sans connaître véritablement leurs problèmes.
Aujourd’hui, il est temps de donner à la femme rurale toute sa place dans la société. Pour avoir compris leur apport dans l’agriculture et dans notre alimentation, les Nations Unies les célèbrent le 10 octobre de chaque année. Malheureusement, cette journée aussi importante qu’elle puisse être, n’a jamais l’écho qu’il faut. Elle passe souvent inaperçue.
maguette.ndong@lesoleil.sn


