C’est l’air des vacances. Des mariages à la pelle. Des noces qui s’annoncent chaudes avec l’été. Des nombreuses causes de validité du mariage, en Islam, nous apprenions, samedi dernier, dans la banlieue dakaroise, qu’il y a la virilité de l’homme. Certainement une condition sous-entendue et que se gardent d’énumérer les imams et oulémas. Très souvent, le rôle du tuteur (wali), la dot (mahr), le consentement mutuel et les témoins reviennent comme obligatoires. D’autres conditions sont souvent évoquées lors des discussions précédant un mariage, comme le fait de s’assurer que la mariée n’est pas déjà l’épouse d’un autre homme, qu’elle n’est pas en période de viduité (iddah), ou encore que le futur marié ne dépasse pas la limite autorisée de quatre épouses. Mais il est rare d’entendre mentionner explicitement une clause stipulant que l’homme soit « en forme ». L’allusion à sa virilité a d’ailleurs suscité des rires dans la mosquée. Pourtant, cette question reste loin d’être anodine : dans de nombreuses conceptions du mariage, l’incapacité d’un mari à remplir ses devoirs conjugaux – notamment sur le plan sexuel – peut être perçue comme un manquement grave à ses obligations, voire comme une forme d’échec dans le rôle qu’il est censé tenir. Et donc un motif de divorce en Islam. Il faut dire, dans la plupart du temps, il est accordé un préjugé favorable à l’homme prêt à convoler, à consommer et à vivre le désir charnel. Eh oui, le mariage a le propre de permettre, en toute licéité, la pratique sexuelle en toute légalité. En tout cas devant Dieu, les hommes et les femmes. Cette condition devrait être la deuxième après le consentement mutuel des deux conjoints d’où naturellement elle découle. Le consentement devrait être clairement exprimé par les deux futurs époux. Pourtant, il n’y a quasiment jamais l’ombre d’un des mariés dans nos mosquées ou souvent domiciles où se scellent les unions selon le rite islamique. Loin de vouloir s’ériger en gardien en jurisconsulte des questions islamiques ou en réformateur, il est évident que les sermons et autres recommandations très souvent prononcés le sont à l’endroit des mariés à qui ils devraient plutôt profiter. Ils sont malheureusement absents et, exceptionnellement, le message leur sera transmis.
Cette absence des mariés ne rassure donc pas sur leur consentement mutuel. À l’église, loin de toute comparaison, les deux tourtereaux acquiescent et manifestent leur accord à haute et intelligible voix. Tous les savants s’accordent à dire qu’il est impossible de parler de mariage islamique sans évoquer le consentement mutuel. Cet accord constitue le socle de toute union : ni contrainte ni pression ne sont tolérées. Chacun des futurs époux devrait donc donner son accord devant témoins. Ce consentement signifie donc les mariés sont sains d’esprit et de corps et ne souffrent d’aucun handicap mental et physique pouvant altérer leurs choix. La citation de la condition de la virilité serait donc à mettre dans le registre du relayeur des propos de l’imam qui va au-delà de ce qui lui est indiqué. Très souvent, les personnes proposées à la tâche sont connues pour leur extravagance et leur propension d’en rajouter sur les propos qu’elles relaient.
Du rôle central du tuteur (wali), incarné par le père où un délégué, revient à ce que l’intérêt de l’épouse soit respecté et que le mariage soit en accord avec les valeurs islamiques. Pour la mariée, la présence d’un tuteur reste incontournable. Le wali veille. Deux témoins musulmans adultes assistent à la cérémonie pour garantir la validité de l’union.
La dot (mahr) est, en Islam, un symbole d’engagement. Elle peut être une somme d’argent, bijou ou objet précieux et doit être versée par le mari à sa future épouse. Ce don, librement fixé entre les familles, symbolise l’engagement et le respect. Il n’est pas qu’une formalité. Il marque la reconnaissance du droit de l’épouse à disposer d’un bien propre.
Le mariage en Islam se vit à la fois comme un acte sacré et comme un contrat juridique, sous l’autorité du Coran et de la Sunna. Il vise à construire une famille, protéger la pureté, transmettre la foi. Ce modèle, né il y a des siècles, a traversé les époques sans perdre ses repères : consentement, droits réciproques, devoirs clairement posés.
La convocation des mariés devrait épargner à la communauté, tous les présents étant témoins, de mauvaises surprises ou de désagréments. Comme, par exemple, le fait de marier une femme en état de grossesse. Nous gardons toujours cette révélation de cette cousine lanceuse de cauris pour prédire : « Je demandais à une cliente le nombre d’épouses qu’a son mari. Elle m’indiquait qu’elle était la quatrième et dernière. Je lui disais que ton mari en avait plus. Une année plus tard, elle est revenue me voir pour me dire qu’effectivement, il en avait une cinquième ».
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