Dix ans que cela dure et c’est dur ! Dix ans, et depuis leur sacre au Cameroun en 2015, que les « Lionnes » du basket n’ont plus soulevé le trophée continental. Autant dire une éternité pour une équipe qui a été couronnée à onze reprises, record africain absolu. Soit cinq fois de plus que le Nigeria, son suivant le plus immédiat au palmarès de la compétition. Jamais par le passé, le Sénégal n’était resté aussi longtemps sans monter sur la plus haute marche du podium continental. Trois fois finaliste lors des quatre dernières éditions, il s’est toujours incliné, dont une fois à domicile même, en 2019. Et toujours devant le même adversaire, le Nigeria, nouvelle place forte du basket féminin africain.
Il est donc loin le temps où les « Lionnes » regardaient de haut le basketball africain avec notamment leur quatre à la suite en … 1974, 1977, 1979 et 1981. Elles ne sont toutefois pas entrées dans les rangs. Elles ont juste un nouvel épouvantail : les « D’Tigers » du Nigeria, vainqueurs des quatre derniers Afrobasket en 2017, 2019 (à Dakar même), 2021 et 2023. Et pourtant, pour l’épreuve qui se disputera du 27 juillet courant au 3 aout prochain à Abidjan, on nous promet le retour au sommet de la pyramide. Le stage aux États-Unis avorté à la dernière minute ? Oublié depuis que la capitaine Yacine Diop et ses partenaires ont été contraintes de rester à la maison. Ce qui, apparemment, n’a pas entamé leur moral puisqu’à Saly où elles sont actuellement en regroupement, elles assurent ne manquer de rien et être à l’abri de la plus petite des nuisances. Même pas de moustiques pour venir leur chanter à l’oreille la sérénade du déplacement manqué outre Atlantique, encore moins le leur rappeler à coups de piqûres nocturnes…
Sera-ce suffisant pour éjecter le Nigeria et remonter sur le trône continental ? Le ministre en charge des Sports et le président de la fédération de basket qui leur ont rendu visite la semaine dernière en sont convaincus. Les joueuses le leur ont promis. Physiquement et psychologiquement, elles sont prêtes à aller à l’assaut de la forteresse nigériane. Leur capitaine est si sûre de son affaire qu’elle s’est par ailleurs plainte qu’il n’y ait même pas de jour de repos entre les demi-finales et la finale. Il faudra s’y faire, il faudra en passer par là, « pas pour gagner des batailles, mais pour remporter la guerre », comme les y a conviées le ministre en charge des Sports.
Mais, qu’est-ce qui a donc changé pour justifier cette nouvelle confiance à toute épreuve ? C’est vraisemblablement l’arrivée aux commandes de la Tanière d’Otis Hughley Jr, le coach américain qui a conduit les « D’Tigers » à deux de leurs quatre sacres consécutifs, en 2019 à Dakar même et 2021 à Yaoundé, qui fait souffler ce vent d’optimisme. Surtout que le coach arrivé sur le banc de l’équipe depuis bientôt un an (le 16 juillet 2024) est convaincu de disposer des « meilleurs talents en Afrique » avec lesquels il va « non seulement gagner, mais régner à nouveau sur l’Afrique », comme il l’avait annoncé dès sa prise de fonction.
C’est donc de cette jonction entre une équipe qui n’a plus remporté le titre africain depuis une éternité et qui a faim de renouer avec son brillant passé et un technicien qui sait comment gagner (même avec des « D’Tigers » qu’il estime moins fortes que les « Lionnes », a fortiori avec ces dernières) que l’on attend que la lumière jaillisse à nouveau. Mais c’est sur le parquet de la salle de basket de Treichville qu’il faudra démontrer que ce n’est pas là qu’un postulat.