Ce cri de cœur perçant transperce des cœurs. Il est lancé par des mamans dont le fils est dépeint sous les traits d’un monstre à abattre. On leur a arraché le sourire et toutes les douceurs de la vie parce que leur fils, ou alors leur frère a été injustement accusé de viol. Leurs cicatrices béantes peinent à se refermer avec le temps.
Leur fibre maternelle les pousse à condamner le viol de même que toutes les agressions sexuelles exercées sur un tiers. Une femme ou un homme, qui en est l’auteur, mérite, elles en conviennent, des poursuites pénales surtout que la justice est impartiale. Mais quand il s’agit d’accusations qui reposent sur une haine ou un désir de nuire, il y a de quoi briser des cœurs, faire perdre goût à la vie et se retrouver avec un sommeil perturbé. Elles ont l’impression d’être englouties dans des ténèbres. Elles n’ont pas été en mesure de battre en brèche des accusations cousues de fil blanc. Elles sont conscientes de la complexité de l’humain, avec une nature faite d’ombre et de lumière, mais elles ont du mal à se relever quand leur fils, frère et père se retrouve à tort sur le banc des accusés. Leur vie finit par rimer avec stigmatisation, facéties, moqueries, remarques désobligeantes.
L’expérience a montré que de jeunes hommes croupissent durant des années en prison à cause d’un complot ourdi par des personnes malintentionnées. D’aucuns parlent d’un raffinement de la haine pour emprunter une expression à Jean Jacques Rousseau. Cela découle souvent d’un souhait d’opérer un racket sur des innocents. Chez nous, des histoires de ce genre font légion, mais ceux qui ont suivi de près l’affaire du jeune Farid Hayri, en France, ont revu leur copie. Il a été condamné en 2003 par la cour d’assises des mineurs pour « agressions sexuelles » et « viol » sur une jeune fille alors qu’il avait 17 ans. Il a beau nier les faits, il n’a pas pu échapper au glaive de Dame Justice. Ce n’est que 19 ans plus tard que la jeune fille a fini par le blanchir. Cela lui pesait certainement sur la conscience. Elle a reconnu avoir menti et n’avoir en réalité jamais été violée ou agressée par cet homme.
La presse relate aussi le cas d’une lycéenne de 16 ans. Elle, aussi, a pointé un doigt accusateur sur un homme de 26 ans. Il l’aurait enlevée, séquestrée puis violée à Toulouse. L’adolescente a finalement admis avoir tout inventé et le mis en cause a été relâché mercredi après 36 heures de garde à vue. Des cas similaires sont enregistrés aussi bien dans notre pays que dans d’autres régions du monde. L’affaire Fallou, qui avait défrayé la chronique dans notre pays, reste encore dans les mémoires. Malgré une profusion de témoignages rassurants, il n’a pu se libérer des geôles. Le voisinage, qui lui a témoigné sa solidarité, pointe un doigt accusateur sur sa marâtre, qui l’a toujours présenté sous des traits pleins d’animosité. Elle serait à l’origine de cette machination. Vrai ou faux ?
De jeunes innocents, comme lui, mènent une vie pleine de gêne, obligés d’affronter un regard empreint de mépris et de dégout à cause d’une histoire montée de toutes pièces ou d’accusations saugrenues. La pétition lancée récemment dans notre pays, pour sauver le jeune A. N. des griffes de ses accusatrices, secoue aussi la toile. Tous demandent une enquête juste et équitable pour tirer cette affaire au clair. D’autres ont été arrêtés en classe de terminale. C’est le cas d’un jeune de 22 ans, inculpé pour viol et pédophilie sur ses deux cousines. Ses proches ont beau clamer son innocence, il n’a pu se relever de ce choc.
On a beau saluer l’adoption de la loi sur la criminalisation du viol, qui permet de lutter contre les violences basées sur le genre, mais toujours est-il qu’il est nécessaire de promouvoir des mesures qui puissent préserver des innocents de certaines cabales. On a tous applaudi à l’idée de voir des auteurs de viol et d’actes pédophiles jugés par la chambre criminelle, purger une peine allant jusqu’à la réclusion à perpétuité, mais dans cette ère de délitement social et culturel, la vie enseigne que la prudence doit constituer la meilleure arme à fournir aussi bien aux jeunes filles qu’aux garçons. Quand l’école est devenue un champ d’expérimentation de l’obscénité, de la vulgarité, pour paraphraser un expert, il est important de mettre la pédale douce… matel.bocoum@lesoleil.sn