C’est le satisfecit après la clôture, samedi dernier, de la Semaine nationale de l’état civil. Autorités, élus et autres dignitaires religieux et coutumiers ont tous salué l’important travail abattu par l’Agence nationale de l’état civil (Anec) sous la houlette de son directeur général Matar Ndao. Au cours de cette semaine de plaidoyer, trois nouveaux centres d’état civil ont été inaugurés, notamment ceux de Kothiary, Nyassia et Mbam. Aujourd’hui, plus que jamais, le système d’état civil sénégalais est en train de se moderniser, avec la dotation d’une grande partie de nos communes en machines et imprimantes pour remplacer les registres poussiéreux, déchirés et mal entretenus. On annonce que 20 millions d’actes ont été déjà enregistrés, indexés et intégrés dans le Registre national de gestion de l’état civil (Rnec). Nous sommes à l’ère de la digitalisation. L’ambition ultime de l’État est de faire en sorte que tout le réseau national soit interconnecté afin de permettre à chaque Sénégalais de pouvoir demander son extrait de naissance et de le recevoir en un temps record.
Faut-il le reconnaître, ces efforts sont louables et ont permis au Sénégal de rattraper un temps précieux déjà perdu dans un domaine aussi indispensable que l’état civil. Seulement, nous continuons de voir chaque jour encore des enfants en classe d’examen renvoyés pour défaut d’extrait de naissance. Jamais déclarés par leurs parents, ces pauvres filles et garçons fantômes sont parfois sauvés in extrémis avec l’organisation d’audiences foraines. Ce phénomène même s’il existe encore dans les centres urbains est plus ancré dans le monde rural. Il est donc important d’investir les villages les plus reculés du pays pour sensibiliser davantage et appeler tout parent à déclarer son enfant à la naissance. Dans cette vaste campagne de sensibilisation, les enseignants et directeurs d’école doivent être à l’avant-garde. Car ce sont eux qui reçoivent les enfants.
L’autre défi auquel notre état civil est encore confronté, c’est l’utilisation de logiciels clandestins et non certifiés. Le laxisme ne doit plus être permis à ce point. Il faut plus de rigueur et de fermeté de la part de l’État afin de ne permettre aucune commune à s’écarter de cet élan de modernisation. Le laisser-aller doit cesser.
Les agents d’état civil méritent notre respect pour l’important travail qu’ils abattent au quotidien. Seulement, l’actualité a montré qu’il existe de vastes réseaux de fraudes et de corruption incriminant certains d’entre eux. Moyennant des enveloppes qu’on leur glisse sous la table, des agents acceptent de monnayer les données personnelles de concitoyens au profit d’étrangers à la recherche de la nationalité sénégalaise. Ces agents qui se livrent à de telles pratiques sont en train de fausser la nouvelle orientation basée sur la fiabilité et la sécurité des actes.
En tant qu’ambassadeur officiel de l’état civil sénégalais, le lutteur Modou Lo a comme rôle d’informer, de sensibiliser et de faire le plaidoyer pour que tout le monde adopte la nouvelle politique. Quant à ceux-là qui veulent saboter le système, il doit les combattre. Lui qui a terrassé bien des lutteurs sur son chemin pour devenir aujourd’hui le « roi des arènes » cultive le sérieux dans le travail. Son apport pour un état civil fiable sera de taille.
maguette.ndong@lesoleil.sn


