Les tensions semblent encore tenaces et vivaces au Maghreb avec toujours en toile de fond la confrontation entre l’Algérie et le Maroc.
Depuis presque une dizaine d’années, le Royaume du Maroc, de par une politique étrangère développée avec réalisme, pragmatisme et dynamisme économique a réussi à prendre une avance et une revanche face à son rival et voisin algérien, sur le dossier du Sahara occidental, point central et principal des frictions et contradictions entre ces deux pays de l’Afrique du nord.
Les récents soubresauts diplomatiques entre la France et l’Algérie ont ainsi suivi les courbes d’évolution de la position française sur la question sahraouie. En effet, le 30 juillet dernier, la diplomatie française avait opéré un grand tournant dans ses relations avec le Maroc. Jusque-là prudente sur le sujet, la France avait décidé ainsi de s’aligner sur le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental de 2007 qui, selon une lettre d’Emmanuel Macron, « est la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Ainsi, en l’espace d’un mois, le Maroc a réussi la prouesse d’accueillir deux grands chefs d’État du monde.
Le Président français, Emmanuel Macron, y était du lundi 28 au mercredi 30 octobre 2024 pour une visite considérée comme celle de la « réconciliation » tant les points de frictions étaient nombreux entre la France et le Royaume chérifien. Ensuite, le chef d’État chinois, Xi Jinping, y a fait escale, de retour de sa participation au Sommet du G20 à Brasilia, au Brésil. Boosté par la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara lors du premier mandat de Donald Trump, le Maroc a multiplié les succès sur ce dossier. Une question qui, depuis plus de deux ans, est revenue au-devant de la scène marquée surtout par la résurgence et la fréquence des tensions avec le voisin algérien.
Dans cet épineux dossier qui est à la fois d’un intérêt vital et stratégique pour le Maroc, l’Algérie a été pendant longtemps à l’initiative en servant de mentor au Front Polisario. Cette avance du Maroc sur le dossier sahraoui n’est pas le seul où le Royaume tente de surclasser et même de dépasser son voisin.
Sur la question du Sahel où l’Algérie a longtemps été un des maillons essentiels de la médiation internationale, elle commence même à y perdre du terrain. Les Accords d’Alger de 2015 qui étaient censés apporter la réconciliation au Mali ont volé en éclats depuis que les autorités maliennes ont accusé leur voisin du nord « d’ingérence ».
Avec son Initiative Atlantique en faveur des pays du Sahel, le Maroc compte ainsi se positionner comme un appui et un allié économique des pays de l’Alliance du Sahel qui sont en rupture de ban avec leur organisation communautaire, la Cedeao. Ses relations, très poussées avec ces trois pays, ont même conduit le Maroc à jouer les bons offices et faire libérer, en décembre dernier, quatre fonctionnaires français accusés d’espionnage au Burkina Faso.
Cette dualité et rivalité entre l’Algérie et le Maroc s’est même vue au dernier Sommet de l’Union africaine qui a consacré le retour algérien dans le leadership continental avec la victoire de sa candidate Selma Malika Haddadi au poste de vice-présidente de l’Union africaine face à la… marocaine Latifa Akherbach.
C’est dire que les tensions toujours latentes dans cette zone entre le Maroc et l’Algérie risquent de se prolonger dans une spirale de confrontations dont elle n’a pas besoin au vu de tout ce qu’elle a traversé ces dernières années… oumar.ndiaye@lesoleil.sn