Il est facile de passer de zéro à héros. Ne vous y trompez pas : il ne s’agit pas de développement personnel mais bien de développement capillaire. Dire qu’il fait chaud est une évidence, et beaucoup préfèrent éviter de s’encombrer de perruques ou d’extensions.
Fini le temps des artifices : place à la boule à zéro. Sans stress ni chichis, elle signe son grand retour, comme chaque année, d’autant plus qu’une chevelure crépue supporte mal les hautes températures. C’est aussi une manière de se libérer des soins capillaires contraignants. Mais au-delà du confort, cette coupe traduit souvent une volonté d’aller à contre-courant. Longtemps associée au mouvement punk et à la rébellion contre les normes sociales, elle brouille également les frontières entre masculin et féminin.
La boule à zéro a toujours été une façon de se démarquer. De Coumba Gawlo à Germaine Acogny, cette tendance a traversé les époques et se porte désormais sans complexe. Été oblige, certaines femmes franchissent le pas sur un coup de tête. Plus qu’un style esthétique, elle traduit une affirmation de force et d’indépendance. Lupita Nyong’o, par exemple, s’est distinguée grâce à cette coupe singulière. L’actrice américaine d’origine kényane en a fait un symbole de résistance face aux diktats occidentaux qui glorifient la chevelure lisse.
D’un point de vue culturel, se raser le crâne n’a rien d’anodin. En Afrique, les cheveux féminins portent une forte charge symbolique. Dans certaines communautés, en cas de grand malheur, on se rase la tête pour exprimer l’idée d’anéantissement liée à la mort. Au-delà de l’esthétique, la coiffure y est un langage, un signe d’identité sociale et culturelle.
Aujourd’hui encore, la boule à zéro dit quelque chose de nous : ce que l’on est, ou ce que l’on voudrait être. Dans les rues de Dakar, elle s’affiche fièrement. Entre désir de changement et volonté de se libérer des contraintes capillaires, cette tendance se révèle salvatrice : plus besoin de se prendre la tête. Un peigne et quelques produits suffisent. Ce style à la garçonne, de plus en plus adopté, réconcilie la femme noire avec son naturel le temps d’une saison. Fini les prises de tête !
Par Arame NDIAYE