Pour nos équipes nationales de football, naguère dominatrices en Afrique et détentrices de presque tous les trophées continentaux, les campagnes se suivent et se ressemblent. Le vent a tourné et pourtant les planètes étaient si magnifiquement alignées. Depuis, la galaxie semble s’être désagrégée, laissant choir les météorites comme nos différentes sélections nationales, dépouillées de leurs titres. Les sorties de route se succèdent dès le début des phases à élimination directe. Comme si elles payaient leur outrecuidance de s’être arrogé presqu’un grand chelem inédit en Afrique (voire ailleurs), entre 2022 et 2023.
Une performance d’autant plus mémorable que jusqu’alors, le Sénégal ne pouvait exhiber que ses sacres en Beach Soccer où il réussissait au fil des ans à enchainer les trophées. Depuis cette razzia, on savait que ce serait bien compliqué de récidiver. Arriver au sommet, est plus facile que de s’y maintenir. Surtout lorsque ce n’est pas une mais cinq couronnes (Can, Can U20, Can U17, Chan et Beach Soccer) qu’il faut défendre. Encore plus, on l’a dit ici précédemment, chez les catégories de jeunes où d’une compétition à une autre, c’est-à-dire tous les deux ans (si un « glissement », comme l’on en a connu dans un passé récent ne vient pas chambouler le calendrier), les effectifs peuvent changer du tout au tout. Voici donc que depuis la grande Can 2023 en Côte d’Ivoire, le Sénégal vérifie à ses dépens cette terrible vérité. Jusqu’ici, seuls les « footballeurs aux pieds nus » ont conservé leur titre (acquis en 2022 à Vilankulo au Mozambique et gardé en 2024 à Hurghada en Egypte). Trois couronnes ont chaussé de nouvelles têtes (Can, Can U17 et Can U20) et la dernière sera à négocier en août lors du Chan prévu en Tanzanie, en Ouganda et au Kenya. Ce qui est remarquable, ce sont moins les titres qui nous ont échappé que la manière dont ils nous sont tombés des bras : juste après le premier tour et à chaque fois aux tirs au but.
Problème mental et/ou technique ? Une équation à résoudre forcément pour éviter des déconvenues du genre à l’avenir. Car les tirs au but et penalties sont tout sauf un jeu de hasard. En effet, d’après une étude datant de mai 2013 menée sur 150 footballeurs (120 joueurs de champ et 30 gardiens de but) par les professeurs Folly Messan de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin et Fabrice Dosseville de l’Université de Caen Normandie en France, « certains facteurs (qui) vont de la gestion des émotions à la maîtrise technique en passant par l’importance du match et l’effet de la fatigue, jouent un rôle dans la transformation ou la non transformation d’un penalty ».Nos footballeurs cumulent-ils toutes ces lacunes et insuffisances. On ne peut y répondre de manière péremptoire. Ce qui est constant, c’est qu’il y a un vrai souci. De la capacité de nos responsables de tous ordres à bien diagnostiquer le mal et à lui trouver un remède, dépendront en bonne partie les chances du Sénégal de retrouver vite et durablement les cimes du football africain. Pas forcément de réussir un autre tir groupé comme en 2022/2023. Car autant de performances en un si court laps de temps, cela ne se produit que très rarement. Mais de disposer d’équipes qui ne se délitent pas dès que se lèvent de forts vents contraires.