On ne gagne jamais à reprendre les mots de l’adversaire, surtout lorsque cet adversaire ne vous pardonne rien, guettant le moindre faux pas pour vous discréditer et torpiller votre action. L’honorable député Guy Marius Sagna vient de l’apprendre à ses dépens. Sa sortie sur « certaines pratiques en cours » à l’Assemblée nationale, ainsi que les réactions musclées de cadres de Pastef tels que Fadilou Keïta et Ismaïla Diallo, ont offert une aubaine aux pourfendeurs du régime. « Ceux-là mêmes qui, hier, réclamaient des vies pour une rupture sont aujourd’hui majoritaires mais incapables de faire fonctionner cette commission essentielle », a déploré un opposant, ancien député, qui n’a pas caché sa joie de voir les caciques du pouvoir se chamailler et s’offrir en spectacle aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Alors, propos justes, erreur ou faute politique ? Le débat reste ouvert sur la pertinence ou non de la sortie de Guy Marius Sagna. Une chose est néanmoins certaine : tout cela fragilise la majorité. Une majorité qui s’éloigne de ce qui, jusqu’ici, a fait sa force, celle de Pastef et de son leader Ousmane Sonko : la solidarité, le respect mutuel et l’unité d’action. Des valeurs qui ont jalonné la trajectoire victorieuse du candidat Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle du 24 mars 2024. Certes, le député Sagna, éminent membre de la majorité, aurait pu emprunter d’autres canaux pour faire entendre ses critiques. Mais fallait-il pour autant s’attarder sur ses propos ? Pas vraiment. D’autant que le député évolue sur son terrain, celui-là même qui l’a fait et qu’il maîtrise parfaitement : alerter, pointer les dysfonctionnements, porter la voix des faibles, dénoncer les abus, et soutenir les populations les plus fragiles — avec constance et détermination. En effet, Guy Marius Sagna peut se tromper, mais il ne triche pas et ne fait jamais dans la compromission. Agissant et gardant à l’esprit les valeurs et principes fondateurs de Pastef. « J’ai parlé de mon groupe parlementaire et de notre devoir de rester fidèles à notre slogan « Jub, Jubal, Jubbanti ». Je n’ai jamais dit que le président de l’Assemblée nationale distribue des « Soukeurou koor ». Ceux qui l’interprètent ainsi se trompent », a-t-il précisé, coupant court à ceux qui l’accusent de vouloir ternir l’image du président El Malick Ndiaye. Plutôt qu’un procès d’intention et pour éviter de donner l’image d’une politique à petits pas, il faudrait saluer la démarche de Guy Marius Sagna. Qui a le mérite de nous rappeler, à chaque instant, les engagements pris et les promesses faites au peuple. Le reconnaître, c’est admettre que le « Projet », massivement plébiscité par les Sénégalais, a besoin de voix critiques, comme celle de Guy Marius Sagna, pour matérialiser cette volonté de rupture et rester ancré dans la conscience collective. Et comment ne pas se souvenir de ces mots lucides du président Ousmane Sonko : « Si nous voulons rester 50 ans au pouvoir, il faut que Pastef soit l’opposition de Pastef ». En clair : Pastef doit rester Pastef. En restant foncièrement attaché aux idéaux et principes du parti. Et s’il y a un seul patriote qui a compris le message du président Ousmane Sonko, c’est bien Bassirou Kébé, directeur général de la Sn Hlm. « Le système isole, embourgeoise, rend paresseux et ôte le courage. Il vous transforme en « homme d’État » sans saveur. Il vous isole de votre parti et de ses idéaux. Le plus grand risque, c’est de devenir des gestionnaires alors qu’on a été élu pour être des révolutionnaires. Le plus grand tort au peuple, c’est de ne pas prendre de risque pour ne pas perdre des privilèges. Le plus grand mal, c’est de ne pas incarner la transformation radicale parce qu’on a perdu le courage de tout bouleverser. La plus grande faute, c’est de se contenter de mieux faire que les autres alors qu’il faut tout refaire ». Tout a été dit et bien dit dans ce message. Reste à se l’approprier. Et à le vulgariser. Pour que nul n’en ignore le sens et la portée.
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