C’était il y aura une semaine demain. Mais la performance est si belle qu’on ne peut pas ne pas revenir là-dessus. Les « Lions » du foot ont nettement dominé et battu l’Angleterre mardi dernier. Une perf doublement historique puisque, d’abord pour la première fois, une équipe africaine a dicté sa loi aux « Three Lions » ; ensuite en terre anglaise même, au City Ground de Nottingham où, pour ajouter du piment à la sauce, l’équipe nationale anglaise n’avait plus joué depuis 1909, selon la chronique locale. Soit 116 longues années.
Autant que le score sans appel (3 buts à 1), c’est la manière qui retient l’attention. Surpris par un but matinal de Harry Kane (11e mn), les « Lions » ont eu le cran de ne pas perdre pied dans ce match international amical de prestige. Ils n’ont pas rejoué dans leur tête le scénario-catastrophe du huitième de finale de la dernière coupe du monde au Qatar. On se rappelle que lorsqu’ils avaient cédé sur une réalisation de Henderson vers la 40e mn, ils ne s’en étaient jamais remis, s’inclinant à l’arrivée sur un cinglant 0 – 3.
Mardi dernier, les « Lions » ont plutôt compris que s’ils ne sonnaient pas la révolte, ces Anglais se feraient un immense plaisir de les hacher menu pour se racheter de leur décevante victoire sur la petite Andorre (1 – 0) qui leur avait valu les reproches de leur coach allemand Thomas Tuchel. Ils se sont alors très vite remis d’aplomb, traitant d’égal à égal avec leurs adversaires. Ironie du sport, c’est sur un but 100% « made in Premier League » que les Sénégalais ont recollé au score. Au départ Gana Guèye d’Everton qui lance dans la profondeur Nicolas Jackson de Chelsea qui offre un amour de passe aveugle en retrait à Ismaïla Sarr de Crystal Palace qui remet les pendules sénégalaises à l’heure anglaise ! Les « Lions » s’étaient remis à flot pendant que leurs vis-à-vis semblaient prendre eau, pour finalement couler en seconde période sur des réalisations d’Habib Diarra et de Cheikh T. Sabaly.
Les « Lions » ont écrit l’histoire. Leur coach Pape Thiaw tient son match référence. Ils ont surpris l’Angleterre, 4e au ranking mondial de la Fifa et étonné le monde du football. Ils ont ainsi magistralement conclu leur mini-tournée britannique qui avait commencé par un nul (1 but partout) à Dublin, quatre jours plus tôt, face à l’Irlande avec une … équipe bis.
On peut ainsi dire que cette fenêtre Fifa a été fructueuse pour le Sénégal qui, en deux rencontres, a aligné pas moins de 22 joueurs. Très peu d’équipes nationales à travers le monde peuvent se permettre un tel luxe et s’en tirer à si bon compte. Car si « l’équipe expérimentale » a tenu la dragée haute à l’Irlande, « l’équipe-type » a proprement croqué l’Angleterre.
Une grosse performance d’ensemble qui n’aura cependant de sens que si elle est bonifiée et confirmée lors des deux prochains rendez-vous de septembre contre le Soudan à Dakar et face à la Rd Congo à Kinshasa, lors des 7e et 8e journées des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 de football. Le coach Pape Thiaw l’avait si bien compris qu’il avait déclaré avant le match qu’ « il ne fallait pas se tromper d’objectif ». Malgré le prestige lié à ces retrouvailles, le vrai enjeu était ailleurs : 2es du Groupe B avec 12 points, les « Lions » devront s’imposer face respectivement au 3e (qui compte le même nombre de points) et au leader (13 points) pour faire un grand pas vers la qualification à « États-Unis – Canada – Mexique 2026 ». Autrement, la performance du City Ground restera un feu de paille, un coup d’épée dans l’eau. Et Koulibaly et ses partenaires seraient assimilables au moucheron de la fable de Jean de La Fontaine. Le « chétif insecte, excrément de la terre (…) avorton de mouche », après avoir « mené à (s)a fantaisie », rendu « presque fou » et « mis sur les dents » le puissant lion, s’en était allé, fanfaronnant, « rencontrer aussi sa fin » dans une vulgaire toile d’araignée.
Les « Lions » ont presque trois mois pour méditer et s’approprier la double morale de cette fable vieille de plus de quatre siècles : « (…) l’une est qu’entre nos ennemis Les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L’autre, qu’aux grands périls, tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire ».