À défaut d’avoir toujours été folichons, les championnats nationaux de L1 et de L2 de football ont eu le mérite d’avoir gardé intact le suspense jusqu’à l’ultime journée.
En tout cas, pour ce qui est du titre de champion du Sénégal et de celui de vainqueur du deuxième challenge. Car pour les relégations, les condamnés savaient, au moins une journée avant, à quoi s’en tenir. Cela nous change des dénouements « précoces » qui enlevaient toute leur saveur aux dernières journées.
S’il faut peut-être se féliciter de ce suspense qui n’a été levé que ce weekend, il faut aussi noter que ce n’est là que la manifestation d’un nivellement des valeurs. Plus par le bas que par le haut, d’ailleurs. C’est la bouteille à l’encre ; dans ces championnats, tout le monde pouvait battre tout le monde et parfois dans un climat délétère en tribunes (avec des violences notées parfois) comme sur les aires de compétition (avec un jeu techniquement pauvre et haché), à mesure que l’épilogue s’approchait.
La preuve par le champion 2023 – 2024, Teungueth Fc, qui a frôlé la relégation mais qui s’est rebiffé à temps pour écarter l’Us Ouakam de la course au titre lors de la pénultième journée. Valable pour la L2 également où le Stade de Mbour a failli se faire coiffer au poteau de la (re)montée, samedi, lors de l’ultime levée par Essamaye Fc net vainqueur de Diambars, pour s’être fait battre par Amitié Fc qui n’avait plus rien à espérer ou à perdre.
Autre preuve par l’Asc Cambérène qui, il y a trois ans seulement, évoluait en National 2 et qui remporte le championnat de L2, se propulsant du coup dans l’élite du football professionnel pour la première fois de son histoire. Trois montées en trois ans ! À ce train, les Cambérénois pourraient, dès la saison prochaine, jouer les premiers rôles en L1 à l’image d’Ajel de Rufisque et de Wally Daan de Thiès, deux des promus qui ont très vite pris leurs aises à l’étage d’au-dessus. Et qui auraient même pu se mêler au sprint final pour le titre s’ils n’avaient pas connu un petit coup de mou sur le tard.
Certes, d’habitude, la plupart des équipes qui découvrent « l’élite » de notre football se fixent le maintien pour objectif. Mais au bout de quelques journées, elles se rendent souvent compte qu’il y a bien quelque chose à aller chercher tant le niveau général est presque uniforme. Et elles ne s’en privent pas. Le Jaraaf, fraîchement couronné pour la 13e fois champion du Sénégal après 1970, 1975, 1976, 1977, 1982, 1989, 1995, 2000, 2004, 2010 et 2018 et les autres « grands » sont avertis. Mais les Médinois qui ont renoué avec le titre 7 ans après et qui visent désormais le doublé avec le Coupe du Sénégal à la finale de laquelle ils ont été requalifiés sur « tapis vert » aux dépens de Builders Fc, ont de la suite dans les idées. Seul club local à n’avoir jamais connu les divisions inférieures, le Jaraaf semble être l’une des rares constantes du football national. Un football sénégalais actuellement en pleine ébullition dans la perspective des élections, notamment à la tête de la Fsf, de la Lsfp et de la Lfa.
Là aussi, ce n’est pas loin d’être une foire d’empoigne : des candidatures comme s’il en pleuvait, des programmes en veux-tu en voilà ! Pourtant, le chantier est immense. Pourvu simplement que les futurs … heureux élus ne nous ressortent pas la formule chère aux politiciens rattrapés par la réalité du terrain selon laquelle « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».