Si Yoweri Museveni, président de l’Ouganda depuis quatre décennies, a annoncé son intention de briguer un autre mandat à la tête de son pays.
Au Cameroun Paul Biya, n’a rien dit malgré les supputations et autres insinuations sur son désir de rester encore chef de l’État. Plus près de chez nous, en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, investi par sa coalition politique, fait demeurer toujours le suspense. La non-limitation des mandats commence à devenir une règle en Afrique alors qu’elle doit être une exception. Cela fait plusieurs décennies que ce combat est mené par les sociétés civiles africaines afin de faire la prolongation des mandats comme une exception.
Cette tentation de conservation du pouvoir via les urnes ou des changements constitutionnels est devenue une maladie qui est en train de ronger les démocraties africaines. Comme un grand corps malade, la démocratie africaine qui avait donné quelques signes d’un rétablissement est victime de crises épileptiques avec un risque de plonger dans un coma profond. Aujourd’hui, avec les velléités de modification constitutionnelle dans plusieurs pays, c’est un véritable recul démocratique, dénoncé partout, qui s’est propagé comme un virus dans presque toutes les régions africaines.
Comme partout en Afrique ces dernières années, cela a soulevé une vague de contestation avec la jeunesse comme fer de lance pour restaurer les acquis démocratiques obtenus de haute lutte avec tous les efforts menés depuis trois décennies par des dynamiques internes d’une forte société civile, de médias, de jeunesses engagées. Il y a aussi des pressions externes symbolisées par les discours de chefs d’État occidentaux en Afrique qui à chacune de leur visite rappellent aux dirigeants africains la nécessité du respect de la limitation des mandats.
Cela avait d’abord commencé avec celui prononcé par Nicolas Sarkozy à Dakar, en juillet 2007, ensuite avec Barack Obama, en 2009, au Ghana ou François Hollande au Bénin en 2013. Chacun de ces dirigeants occidentaux a, à sa manière, prodigué des leçons aux Africains sur leurs manières peu civilisées de domestiquer la démocratie malgré que des pays comme le Bénin ou le Sénégal font preuve d’exception dans ce manque de respect de la règle des limitations des mandats.
Le président béninois Patrice Talon, tout comme son ancien homologue sénégalais Macky Sall, ont décidé de respecter, à la lettre, les dispositions de la Constitution de leurs pays limitant les mandats présidentiels à deux. Chose rare en Afrique ces dernières années. Comme il y a plus de vingt ans, une nouvelle ère politique doit être en gestation dans beaucoup d’aires géographiques africains afin qu’un air démocratique frais puisse bercer certains pays.
Pour l’implémentation de la démocratie en Afrique de l’Ouest, il a fallu de longues luttes menées par certaines formations politiques, les sociétés civiles, les médias, avec l’appui de l’extérieur, pour y arriver. Il doit en être de même pour imposer le respect de la règle de la limitation des mandats afin que leur prolongation ne soit pas une exception. oumar.ndiaye@lesoleil.sn