Dans une mosquée à Beijing, un groupe de journalistes étrangers venaient de s’acquitter de la quatrième prière de la journée. Après celle-ci, ils voulaient patienter tranquillement dans l’enceinte de l’édifice religieux et attendre la dernière prière. À leur grande surprise, trois policiers ont débarqué et ont soumis à un interrogatoire le responsable de la sécurité du lieu de culte, notamment sur le motif de leur présence sur les lieux. L’échange a duré et les forces de sécurité, pas convaincues du tout, se sont résolues à fouiller, de fond en comble, la mosquée. En même temps, ils ont vérifié les installations technologiques, notamment les caméras de surveillance. Bref, le dispositif de sécurité. Puis, ils sont repartis, sans adresser un petit mot aux hôtes. Médusés, ces derniers se sont posé moult questions. Comment la police a-t-elle eu vent de leur présence sur le lieu ? Quel était le motif de sa descente ? Que cherchait-elle ?
Le lendemain de ce quiproquo, l’imam de la mosquée a soumis les fidèles étrangers à une vérification d’identité. Chacun a été prié d’aller se faire enregistrer auprès du responsable de sécurité. C’est dire que la Chine ne néglige rien en matière de sécurité qui est érigée en dogme. Ici, autochtones et étrangers peuvent vaquer tranquillement à leurs occupations H24. L’exception confirmant la règle. La sécurité est une sur-priorité chez les dirigeants chinois, car étant facteur clé de développement d’un pays. Évidemment, aucun pays ne peut aspirer à un niveau de croissance sans intégrer dans ses priorités la donne sécuritaire.
En Chine, dès que vous sortez de chez vous, des caméras de surveillance vous suivent partout. Dans les coins et recoins, rues et ruelles, avec un dispositif hyper sophistiqué. Aucun détail n’est négligé. Chaque acte, chaque signe, est capté, reversé et archivé quelque part. Les rares actes d’insécurité qui surviennent dans le pays sont diffusés en boucle sur certaines chaînes de télévision.
Le pays de la Teranga n’en est pas encore à de tels extrêmes. Mais des initiatives louables ont été notées dans le sens d’assurer la sécurité des Sénégalais et des étrangers qui vivent parmi nous. Le Sénégal met en œuvre une politique de sécurisation globale axée sur une paix durable en Casamance, une affirmation de la souveraineté nationale via la fermeture des bases étrangères, une modernisation et une montée en puissance des forces de défense et de sécurité, un renforcement de la coopération régionale et internationale et une lutte accrue contre les trafics illicites et la migration irrégulière. Dans ce sens, trois patrouilleurs lance-missiles ont été acquis entre 2023 et 2024. Le « Walo », le « Niani » et le « Cayor » visent à assurer la surveillance de la zone économique exclusive (Zee), à lutter contre la pêche illégale, la piraterie, les trafics de drogue et d’armes, la sécurisation des installations offshore entre autres. À l’instar des pays comme la Chine, le Sénégal a mis en place un certain nombre d’initiatives destinées à renforcer la sécurité. Mais il reste encore beaucoup à faire face aux menaces terroristes et djihadistes omniprésentes.
Un État se caractérise aussi par ses investissements énormes dans le domaine de la sécurité pour rassurer citoyens, étrangers et investisseurs. La Chine qui vient de loin l’a très tôt compris. Résultat ? Elle a su relever le défi sécuritaire, et ce, malgré l’étendue de son territoire et sa démographie. Hélas, sous nos tropiques, la sécurité demeure complexe. Alors que la souveraineté d’un État passe d’abord par la sécurité. Nos États gagneraient à s’inspirer de la Chine, à miser sur la prévention et à anticiper sur les cas d’insécurité. Et pour relever ce pari, il faudra l’implication de tout un chacun.
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