Il y aura sans doute, ce jour, des voix (même si elles ne seront pas suffisamment audibles) qui vont s’élever de par le monde pour porter le plaidoyer sur l’ampleur des défis climatiques face à l’insuffisance des flux de ressources pour y faire face. En chœur et au cœur de ce concert de voix, une paradoxale réalité : l’Afrique est le continent le plus vulnérable et la partie du monde la moins émettrice de gaz à effet de serre (Ges).
Célébré sans tambour ni trompette le 25 mai passé, à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique, ce continent a pourtant le droit de recevoir de la Communauté internationale un plein appui pour ses efforts d’adaptation aux changements climatiques. Les financements climatiques promis et mobilisés pour l’Afrique sont inférieurs aux besoins du continent et à sa contribution historique aux émissions de carbone, créant un déficit de financement annuel entre 99,9 milliards et 127,2 milliards d’Usd en 2020–2030 (Bad-2023-Financer la résilience climatique et une transition énergétique juste en Afrique : stratégies et instruments nouveaux). D’ici à 2050, un cinquième du déficit mondial de financement de l’adaptation devrait concerner l’Afrique, indique-t-on dans ce document qui mentionne que : « Le changement climatique reste l’un des principaux obstacles au redressement de l’Afrique après la pandémie de Covid-19 et à son développement durable ». Selon la même étude de la Bad (à moins que de nouvelles sources ne soient recensées et que des fonds soient identifiés), ce déficit de financement devrait croître. Ceci compte tenu de quatre facteurs principalement : les difficultés liées aux sources de financement actuelles, l’absence de cadres réglementaires adéquates et des risques.
Mais également aux perturbations liées à la Covid-19 et au le conflit russo-ukrainien. La Bad estime les besoins de financement destinés à la résorption de la crise climatique entre 1,3 billion et 1,6 billion d’Usd au cours de la période 2020–2030. Avec une moyenne de 1,4 billion d’Usd (1 billion de dollars = 576.995.0990.000.000 francs Cfa selon une source Morning star consultée via Google au 24 mai 2025) qui seront nécessaires (durant la même période) pour remplir les engagements de l’Afrique en matière d’action climatique et pour respecter les contributions déterminées au niveau national (Cdn). Le même document de la Bad renseigne que compte tenu des parts historiques et futures des émissions de carbone, le financement climatique total dû à l’Afrique est estimé entre 4,76 billions et 4,84 billions d’Usd sur la période 2022–2050. Ce montant représentant des flux annuels de 163,4 milliards à 173 milliards d’Usd. Ce qui ressort de tous ces chiffres, c’est la nécessité d’une action climatique africaine efficace et coordonnée dictée par ce constat qui est sans appel : l’Afrique n’est pas historiquement responsable du réchauffement climatique, mais l’Afrique est le continent qui en supporte le plus gros des effets, impactant les vies, les moyens de subsistance et les économies.
Ce constat établi par le Groupe africain des négociateurs (Agn/ Gan) a été réitéré dans la Déclaration de Nairobi, adoptée à l’issue du premier Sommet africain sur le climat qui a eu lieu du 4 au 6 septembre 2023 dans la capitale kényane : « De nombreux pays africains sont confrontés à des charges et à des risques disproportionnés résultant d’événements et de phénomènes météorologiques imprévisibles liés au changement climatique, notamment des sécheresses prolongées, des inondations dévastatrices, des incendies de forêt, qui provoquent une crise humanitaire massive avec des impacts néfastes sur les économies, la santé, l’éducation, la paix et la sécurité, entre autres risques ».