Le Salon international des mines (Sim) s’ouvre, demain, à Dakar pour sa huitième édition. En quelques années, cette biennale est devenue l’une des plus grandes plateformes africaines de dialogue et d’investissement dans le secteur extractif. Elle réunit, à chaque fois, plus d’un millier de participants venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Le thème retenu cette année met l’accent sur le rôle de levier économique que peuvent jouer les ressources minérales à l’aune de la souveraineté. Le Sim 2025 revêt ainsi une résonance particulière, puisqu’il se tient dans un contexte de redéfinition de la stratégie minière nationale. Cette volonté politique de réforme et de transparence, les nouvelles autorités en ont fait un mantra avec une ambition claire: « mieux valoriser nos ressources dans un cadre conforme, transparent et bénéfique pour l’État comme pour les populations », pour reprendre le ministre Birame Souleye Diop. Le récent audit du secteur s’inscrit en droite ligne de cette nouvelle politique. Les écarts de conformité décelés – retards de paiement de taxes, absence de rapports techniques, manquements environnementaux – prouvent que cet exercice était nécessaire. Les mesures fermes de remédiation prises dans la foulée – mises en demeure, retraits de titres non conformes, renforcement du suivi sur le terrain et numérisation du contrôle – sont salutaires. Respecter les règles doit devenir la norme, et non l’exception. Si cet assainissement se poursuit, il renforcera durablement la crédibilité du secteur et la confiance des investisseurs.
Ces actions de l’État mettent en évidence un constat lucide: malgré un sous-sol riche, le Sénégal peine encore à tirer pleinement parti de son potentiel. L’aurait-il était que la problématique principale qui sera débattue au Sim n’aurait aucun sens. Pour dire que si le débat se pose, c’est parce que les mines ne paient pas de mine pour notre pays. Pourtant, au Sénégal, l’exploitation moderne remonte aux années 1940-1950, avec les mines de phosphate de Taïba et de Lam-Lam, dans la région de Thiès. Et dès les années 1960, le catalogue complet des ressources minérales était déjà connu, révélant une diversité exceptionnelle: métaux précieux (or, platinoïdes), métaux de base (fer, cuivre, chrome, nickel), minéraux industriels (phosphates, calcaires, sels, barytine), minéraux lourds (zircon, titane), ainsi que pierres ornementales et matériaux de construction. Mieux, ces dernières années, la connaissance du sous-sol s’est considérablement améliorée, notamment avec la création en 2022 du Service géologique national du Sénégal, dont l’ambition est d’impulser une meilleure gestion des données géoscientifiques. Le Code minier révisé en 2016 a également modernisé le cadre juridique du secteur, fixant des règles claires pour l’attribution et la gestion des titres miniers et assurant une meilleure prévisibilité pour les investisseurs. La gouvernance s’est renforcée: digitalisation du cadastre minier, audits de conformité, mise en œuvre des principes de transparence de l’Itie, et prise en compte croissante des enjeux environnementaux et sociaux. Ce constat appelle donc un changement de paradigme. Le véritable défi qui se pose aujourd’hui au Sénégal n’est plus seulement d’extraire ses ressources minérales, mais de les transformer localement afin d’en maximiser la valeur ajoutée. L’annonce d’une raffinerie d’or illustre bien cette volonté de passer du produit brut au produit fini. Mais il faut vite passer aux actes. Dans cette perspective, le secteur privé national, encore trop en retrait, est appelé à jouer un rôle plus actif. Il est temps que le patronat sénégalais investisse davantage dans un secteur encore largement dominé par les capitaux étrangers. L’objectif est clair: faire en sorte que la richesse minière nationale profite en premier aux territoires où elle est exploitée, une exigence à la fois économique et de justice territorial.
On le voit donc, le Sénégal, fort d’une attractivité croissante, d’une législation solide et d’une richesse géologique reconnue, a tous les atouts pour faire des ressources minérales un levier de souveraineté économique. Mais pour transformer ce potentiel en moteur de croissance inclusive, il devra relever un défi majeur: concilier performance économique, transparence et équité territoriale.
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