L’objectif premier des réseaux sociaux était de rapprocher les gens qui vivent à des milliers de kilomètres les uns des autres. Au fil du temps, ils se sont introduits dans nos familles, écoles, universités, bureaux… Bref, dans nos vies. Et parfois insidieusement.
Car, nous vivons, aujourd’hui, tout le contraire de leur objectif premier. Partout, on passe plus de temps sur les réseaux sociaux. Nos yeux et nos cerveaux ne se reposent que lorsque l’on dort. Conséquence : le temps de sommeil s’amenuise de plus en plus. La famille n’est plus ce qu’elle était. Certes, on vit sous le même toit. Toutefois, on ne se regroupe plus pour manger, discuter, partager, jouer ensemble. Oui, on ne partage plus rien. Chacun reste scotché à son smartphone.
La distanciation devient naturelle de façon inconsciente. La tyrannie des réseaux sociaux a réussi à éloigner les membres d’une même famille et à pervertir certains. Le grand maître gambien de la kora, El Hadji Mbaye, n’a pas tort de dire que le téléphone a fondamentalement participé à l’effritement des relations familiales et sociales. Le pire, c’est qu’on en est arrivé à familiariser même nos mini-pousses (les tout-petits) avec ces outils. Or, conseille le psychiatre Boris Cyrulnik : « Pas d’ordinateur ni de tablette jusqu’à 6 ans. Si les enfants ont l’air sages face à un écran, c’est parce qu’ils sont médusés, hypnotisés.
Non seulement ils n’apprennent rien, mais cela entraîne une altération de l’empathie et des troubles de développement » (Psychiatre Boris Cyrulnik sur Lepoint.fr). L’école, cette société en miniature, très perméable aux évolutions, n’échappe pas à cette tyrannie. Faudrait-il rappeler que l’usage des réseaux sociaux à l’école présente des avantages et des risques pour des élèves notamment ? Ces risques sont, entre autres, le manque de concentration, l’exposition à des contenus violents. En outre, passer plusieurs heures sur les réseaux sociaux peut affecter la santé mentale, disent les spécialistes. Par exemple, en France, les études ont révélé que « l’utilisation excessive des réseaux sociaux peut entraîner une augmentation des symptômes d’anxiété et de dépression chez les jeunes.
Les pressions sociales pour se comparer constamment aux autres peuvent également nuire à leur estime de soi et à leur satisfaction à l’égard de leur propre vie. Ils peuvent également créer une addiction (dépendance), ce qui pousse à négliger ses études ». (Cf. https://eduscol.education.fr). Et bonjour l’échec. Il s’y ajoute que ces médias sociaux peuvent favoriser, selon le site Ramagya School (https://ramagyaschool.com), le harcèlement scolaire, cyberharcèlement, revenge porn, chantage à la webcam, usurpation d’identité, violences sexistes et sexuelles, exposition à des contenus violents & pornographiques, etc. Et le développement de l’Intelligence artificielle (IA) complique davantage les choses.
Car, explique, dans une vidéo, Luc Ferry, philosophe et ancien ministre français de l’Éducation nationale qui a publié un livre intitulé : « IA : le grand remplacement ou complémentarité ? », Editions de l’Observatoire, « avec l’IA, on peut mettre la tête de quelqu’un sur un film X et la balancer sur les réseaux sociaux et foutre sa vie en l’air. Ce qui peut mener la personne, surtout si c’est un adolescent, au suicide ». Le pire, fait-il remarquer, on entre dans un monde où l’on ne saura jamais ce qui est « vrai ou faux ». Et Luc Ferry de proposer la révision, « de A à Z », des programmes d’instruction civique, « en rendant la connaissance de l’IA obligatoire, faire comprendre aux enfants c’est quoi les réseaux sociaux, les deep fake. Il n’a pas tort. Enseigner ces nouveaux outils dans nos écoles devient un impératif afin qu’ils comprennent les avantages et dangers liés à leur utilisation. daouda.mane@lesoleil.sn