Dans un contexte économique de plus en plus difficile, le Sénégal s’est tourné vers les ressources du Fonds vert pour le climat (Fvc) pour ses projets environnementaux. Ainsi, le 4 juillet dernier, Daouda Ngom, ministre de l’Environnement et la Transition écologique, et Bintia Stephen Tchicaya, Coordonnatrice sous-régionale de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest, ont signé un protocole d’accord portant sur la mise en œuvre du projet de Renforcement de la résilience dans la Grande muraille verte africaine (Suraggwa en anglais).
Il vise à restaurer 1,4 million d’hectares de terres dégradées, à réduire 65 millions de tonnes de Co₂ et à améliorer durablement les conditions de vie de 1,9 million de personnes, notamment des femmes et des jeunes. Ce sera en partie une réponse pour un pays qui perd 40.000 hectares de forêt par an. Ce projet sera financé par le Fvc sur 8 ans à hauteur de 87 milliards de FCfa pour 8 pays : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Nigeria, Tchad et Djibouti. Dans cette enveloppe financière, le Sénégal aura un financement de 15 millions de dollars, soit 8,4 milliards de FCfa. Ainsi, le pays va tenter de restaurer plus de 80.000 hectares. Créé en 2010, le Fvc est un mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc). Il a pour objectif de soutenir les efforts des pays en développement pour relever le défi du changement climatique.
Il a recours actuellement à quatre instruments financiers : les subventions, les prêts concessionnels, les garanties de risque et la prise de participation. Il s’appuie sur des entités partenaires qui serviront d’intermédiaires financiers et d’entités de mise en œuvre des programmes. Pour accéder à ces fonds, il doit y avoir une Autorité nationale désignée (And). Au Sénégal, l’And a été instituée en juin 2014 pour être le point de contact entre le Fvc et le pays, mais également coordonner le processus au niveau national. Elle est logée au ministère de l’Environnement. Au Sénégal, seuls le Centre de suivi écologique, en mai 2025, et La banque agricole (Lba), en août 2020, sont accrédités auprès du Fvc. La Banque agricole, sur proposition du Comnacc, a été accréditée comme entité nationale d’exécution auprès du Fvc. Elle est la seconde entité d’accès direct du Sénégal. Aujourd’hui, le Fonds souverain des investissements stratégiques (Fonsis) et le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip) ont été identifiés comme potentielles entités à accréditer au Fvc.
Ils sont dans le processus d’accréditation. Le Sénégal fait face à de multiples défis environnementaux : la pollution, la déforestation, la désertification, les impacts du changement climatique, notamment la raréfaction de l’eau et la salinisation des terres. Donc, le pays doit être ingénieux pour dénicher les niches de financements verts. Actuellement, le Sénégal bénéficie de 18 projets approuvés par le Fvc. Il s’agit de 8 projets d’atténuation, 3 projets d’adaptation et 7 projets transversaux c’est-à-dire qui touchent à la fois à l’atténuation et à l’adaptation. Parmi ces projets, 5 sont en cours d’exécution depuis 2020. Alors que la zone côtière du Sénégal abrite 52% de la population, fait 68% du Pib et concentre 90% des activités commerciales, d’après le ministère de l’Environnement, les ressources du Fvc pourraient permettre de freiner l’érosion côtière. Car, selon la Contribution nationale déterminée (Cdn), l’augmentation du niveau de la mer va provoquer un taux de recul moyen du trait de côte entre 1 et 1,3 mètre par an. De ce point de vue, le Fvc est une vraie opportunité à saisir et dont les ressources sont à utiliser avec efficacité et efficience.
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