Ce passionné des océans que la Casamance maritime (et bien au-delà, toutes les communautés halieutiques) a choisi de célébrer en ce samedi 19 juillet 2025 à Ziguinchor (hommage national à Ziguinchor sous l’égide de l’Association des élus locaux) est plus qu’un « soldat au service de l’écologie et de l’environnement », comme l’ancien député et leader politique mais aussi scientifique, spécialisé en écologie, M. Abdou Sané.
L’histoire retiendra son rôle salvateur dans les premières heures qui ont suivi l’annonce de la tragédie du « Joola », la plus grande catastrophe maritime jamais arrivée auparavant au monde avec le naufrage au large des côtes gambiennes du ferry reliant Ziguinchor, ville océane du sud du Sénégal, à la capitale et qui aurait fait, selon certaines sources, près de 2.000 morts. Haidar El Ali avait été, avec son équipe de plongeurs sous-marins, parmi les premiers sauveteurs à avoir été sur les lieux. Son métier l’y prédisposait. Ce plongeur professionnel et chasseur d’images tirées des abysses est le Président-fondateur de « Océanium », une association sénégalaise de protection de l’environnement marin.
Celui qui affirme avec tout le sérieux du monde que « plonger dans l’océan tous les matins et tous les soirs, c’est comme une prière » est prompt à réagir et à mobiliser son monde et l’opinion nationale et internationale chaque fois qu’une menace pèse sur la biodiversité marine.
Il est de tous les combats pour la protection de la mer et des ressources incommensurables qu’elle renferme. Celui qui s’est insurgé contre ce qu’il considère comme le pillage par les chalutiers d’origine étrangère qui viennent pêcher sur les côtes sénégalaises ce mollusque appelé chez lui le yeet (cymbium) s’était singularisé, par exemple, en septembre 2001 quand un beau matin les Dakarois qui fréquentent la mer avaient eu la surprise de découvrir des bandes de poissons toutes espèces confondues morts et flottant sur plusieurs kilomètres. Haidar avait pointé un doigt accusateur sur les industries chimiques dont les installations étaient implantées non loin des plages avant même de mobiliser l’opinion aux quatre coins du globe avec des preuves filmées à l’appui afin qu’une « enquête soit menée pour connaitre les causes de cette horreur ». La force de Haidar, c’est que son activisme est toujours assorti d’idées, mais surtout d’actions alternatives qu’il conduit de façon volontariste. Et souvent avec les seuls moyens dont dispose son organisation.
Le 3 avril 2012, Haidar El Ali est nommé ministre de l’Écologie et de la Protection de la nature dans l’ancien gouvernement dont le patron d’alors espérait, sans doute, tirer les dividendes de l’aura internationale et l’engagement citoyen de cet ange trublion au talent immense qui lui vaut d’être affublé non sans raison du sobriquet de « Commandant Cousteau sénégalais ». En septembre 2013, il est nommé ministre de la Pêche et des Affaires maritimes. Il démissionne de ce poste en juillet 2014. L’attachement viscéral de l’homme (né à Louga en 1953) au Sénégal, chevillé au cœur, date de longtemps. Et cela remonte à ces singulières origines rappelées par le métronome au cœur de l’hommage national qui lui a été réservé à Ziguinchor : « Les parents Haidar El Ali, alors jeunes gens ne parlant pas français, quittent le Liban sous protectorat français en bateau pour Marseille. De là, ils montent dans une correspondance croyant partir pour l’Amérique, mais se trompent de bateau et débarquent au Sénégal. Haidar El Ali raconte qu’en arrivant, ils s’étonnaient que tous les Américains soient noirs. N’ayant plus les moyens de payer pour un autre trajet, ils se résolvent à s’installer sur place et se mêlent à la population libanaise locale », confie son ami et biographe occasionnel, l’expert en gouvernance des risques écologiques. Les actions de cet écologiste, un moment, affilié au Parti socialiste, sont orientées vers un lobbying conséquent visant à faire prendre par l’État des mesures salutaires comme la création d’aires marines protégées et l’instauration d’un repos biologique devant permettre la saine reproduction des espèces, l’interdiction de la pêche avec les engins prohibés comme l’explosif, le maillage des filets supérieur à 16 millimètres, la lutte contre la pêche des alevins, la création de parcs. Mais aussi la création d’un cadre de dialogue politique constructif visant à créer un climat de coopération et de solidarité susceptible de rendre l’économie mondiale plus équitable grâce à une prise en compte dans la gouvernance des ressources halieutiques des recommandations des organismes du Système des Nations unies et des organes créés en vertu des traités qui ont favorisé la conclusion d’Accords multilatéraux et qui encouragent l’adoption de principes directeurs, de politiques et de plans d’action dans le domaine du développement durable.