Deux événements majeurs sont survenus la semaine dernière en Chine. D’abord, l’annonce de la célébration du 80e anniversaire de la « victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre antifasciste » avec un défilé militaire prévu le 3 septembre prochain sur la place Tian’anmen à Beijing.
Il y a eu aussi la réunion des ministres de la Défense de l’Organisation de coopération de Shanghai (Ocs) qui s’est tenue le jeudi 26 juin dernier à Qingdao, dans la province chinoise du Shandong. Cette structure qui regroupe la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, l’Iran et le Belarus fait face aussi à une autre qui promeut la coopération militaire dans la zone de l’Indo-Pacifique. L’Aukus, de son côté, regroupe l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis avec comme objectif promouvoir un Indo-Pacifique libre, ouvert, sûr et stable. C’est dire que cette zone de l’Indo-Pacifique est en train de connaitre un bouillonnement militaire aux relents nucléaires sans précédent.
Bon nombre de pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan et peut-être bientôt l’Iran sont des puissances nucléaires tout comme tous les pays qui composent l’Aukus. Selon le dernier rapport 2024 du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) qui suit l’évolution des dépenses militaires dans le monde, les cinq plus grands dépensiers (États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde) concentrent 60 % du total mondial, avec des dépenses combinées s’élevant à 1635 milliards de dollars. Quatre de ces cinq pays sont des puissances qui sont dans cette région de l’Indo-Pacifique de manière directe ou indirecte. D’après toujours ce rapport, la Chine, deuxième plus grand dépensier militaire au monde, a augmenté ses dépenses de 7 %, pour atteindre environ 314 milliards de dollars, marquant ainsi trois décennies d’augmentations consécutives.
« La Chine représente 50 % de toutes les dépenses militaires en Asie-Océanie, investissant dans la modernisation continue de son armée et dans le renforcement de ses capacités en matière de cyberguerre et d’arsenal nucléaire. Les dépenses militaires de l’Inde, cinquième plus grand dépensier au monde, ont augmenté de 1,6 % pour atteindre 86,1 milliards de dollars. Les dépenses de Taïwan ont augmenté de 1,8 % en 2024, s’élevant à 16,5 milliards de dollars », lit-on dans ce document. Ces données sont illustratives et indicatives des tensions en latence et qui peuvent à la longue aller vers une permanence des conflits créant ainsi des turbulences dans une région stratégique.
L’Indo-Pacifique, surtout dans son versant Mer de Chine méridionale, accueille de grandes dynamiques de croissance et surtout une grande partie du commerce mondial avec de puissantes chaines d’approvisionnements logistiques. « Les principaux dépensiers dans la région Asie-Pacifique investissent de plus en plus dans les capacités militaires avancées. Avec plusieurs conflits non résolus et des tensions croissantes, ces investissements risquent d’entraîner la région dans une dangereuse spirale de course aux armements », avait souligné Nan Tian, directeur du programme
Dépenses militaires et production d’armement du Sipri. La Chine, acteur majeur de cette zone, est ainsi accusée, à tort ou à raison, d’avoir des velléités impérialistes et expansionnistes au vu de sa nouvelle dimension de puissance globale voulant prolonger son influence dans tout son environnement immédiat. Face à des voisins dont certains ont pour mentors et sponsors des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et même la France, l’Indo-Pacifique est dans un bouillonnement militaire et même nucléaire qui fait de cette zone une nouvelle poudrière… oumar.ndiaye@lesoleil.sn