À chaque jour suffit sa peine, a-t-on coutume de dire. Mais à chaque jour aussi son lot de surprises, de stupéfactions. Avant-hier, j’ai été choqué en tombant sur une vidéo mettant à nu des prostituées s’affichant dans des vitrines comme de vulgaires marchandises. Pour appâter les clients, elle s’exhibent, se livrent à des effectuer des circonvolutions dont elles seules ont le secret. Certains me diront que je suis en retard, que c’est un vieux débat et me parleront du quartier Rouge d’Amsterdam, ce fameux Red Light District et ses nuits agitées, ou encore de la Villa Tinto d’Anvers, qui fait office d’exemple en matière de prostitution. Ils me diront également que la Belgique est devenu le premier pays au monde à accorder un véritable statut aux travailleurs du sexe, leur conférant les mêmes droits que les autres salariés : accès à l’assurance-maladie, droit au chômage, cotisation retraite, congés payés, congés maternité… Et patati et patata. Mais quoique l’on puisse dire, on se rend compte que la sexualité est devenue aujourd’hui très banale. Le commerce du sexe idem. C’est un fait. Une constante.
Je ne m’étais pas encore remis de ma surprise quand un de mes contacts m’a envoyé une vidéo parlant de tontine sexuelle. Un phénomène qui faisait rage dans certains pays voisins et qui a fini par atterrir chez nous. Cette pratique malsaine a pris une telle ampleur qu’elle a envoyé les bonnes mœurs à l’agonie, dans le coma. Le procédé était simple. Il consistait à lever quotidiennement des fonds et la mise variait selon les goûts, les formes, les préférences. Et les couleurs aussi. Après le tirage, le Nirvana tendait les bras à l’heureux gagnant qui avait droit à des moments d’intimité dans un hôtel ou appartement meublé avec la femme de son choix. Incroyable mais vrai !
Les journaux ont souvent fait écho de pédophilie, d’inceste, de viols, de mariages forcés, d’esclavagisme sexuel… Mais ce sont des réalités avec lesquelles nous avons appris à vivre. Malheureusement, nous vivons aujourd’hui dans un monde où la perversité a atteint son paroxysme, baignons dans un environnement où le sexe, longtemps resté tabou, est presque devenu tendance, indispensable. Que ce soit sur les réseaux sociaux, internet, à la télé, dans la rue, il est … omniprésent. Les films et autres télénovelas, tels qu’ils sont présentés aujourd’hui, ne sont que succession de scènes érotiques, obscènes qui heurtent la morale, tandis que dans le milieu de la musique, l’indécence et le dévergondage sont érigés en règle par certains chanteurs à deux sous qui, pour faire le buzz, sont prêts à tout. Jamais la femme n’a été autant manipulée et malmenée dans son intimité. Eh oui, les tabous, interdits et pudeurs d’hier sont jetés à la poubelle et taxés de dépassées. Le sexe qui avait quelque chose de sacré et de magique hier, est aujourd’hui standardisé. On le consomme à gogo et on en parle sans gêne. Il suffit d’écouter les conversations pour s’en rendre compte. Force est de reconnaître que depuis l’avènement d’internet et des réseaux sociaux, les vidéos à caractère obscène sont à portée de clic. Elles ont envahi nos foyers et les adolescents ne sont pas les seuls consommateurs. Tout le monde s’y met. Parfois équipés de smartphones de dernière génération, petits comme grands, hommes comme femmes, s’envoient ces vidéos érotiques qui ne font aucune place à la décence. Avec les différentes plateformes qui proposent des contenus gratuits et accessibles à tous, c’est la porno qui vient vers les gens. On a comme l’impression qu’ils sont devenus un intrant indispensable pour aider certains couples en quête d’excitation à atteindre le nirvana. Dans un monde devenu très vicieux où la dépravation est érigée en doctrine et dans lequel la souveraineté du désir et du plaisir compte plus que tout, c’est normal que l’on assiste à un bouleversement des repères classiques de la sexualité. Mais comme disait une femme : on ne force personne ; c’est à prendre ou à laisser. Notre société a atteint un niveau de permissivité inquiétant. Elle est devenue spectatrice passive d’une grande des mœurs, et encourage le libertinage. Un libertinage chronique qui risque bien d’envoyer groggy ou au cimetière la morale et la vertu.
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