«Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page », affirmait Saint-Augustin. Voyager permet donc de découvrir plusieurs pages du précieux et enrichissant livre de la vie ; la vie qui, en elle-même, est un très long voyage (court pour certains) dont la destination finale est la mort.
La mort, en elle-même, est inéluctable. Personne n’y échappe. Et nous ne savons, malheureusement pas, quand nous embarquerons dans le wagon parce que nous ne décidons pas du jour de notre naissance et ne savons pas non plus quand la Grande Faucheuse viendra arracher nos âmes parce que Seul Dieu, le Très-Haut, connaît le terme pour chacun de nous.
Tout au long de notre existence, nous voyageons, faisons des haltes, parfois longues, parfois brèves. Nous changeons de maison, de quartier, de ville, d’école. Nous rencontrons des gens bons, loyaux, honnêtes, généreux, affables, magnanimes, courtois, humbles, mais aussi des lâches, des ingrats, des arrivistes, des menteurs, des hypocrites, des manipulateurs. Nous nouons des amitiés, parfois éternelles, parfois éphémères.
Nous nous amourachons par-ci par-là, trouvons chaussure à notre pied (parfois la mauvaise), fondons une famille (avec celui ou celle que nous aimons ou que nous n’aimons pas vraiment) pour le meilleur et le pire. Ou pour le meilleur seulement. C’est le bonheur ou l’enfer, le déchirement, l’effondrement. Les années passent vite et la vie ne nous fait point de cadeaux. Parfois nous gagnons, d’autres fois, nous perdons. Lamentablement même. Nous nous battons pour vivre, survivre, pour avoir une bonne stabilité. Nous sommes obnubilés par les majestueuses maisons, les rutilantes voitures, les belles femmes.
Nous courons sans arrêt après l’argent, facile des fois, pour pouvoir satisfaire nos folles envies et tous les moyens sont (presque) bons pour en avoir. Sur le long et tortueux chemin de la vie, il nous arrive de trébucher, de tomber. Nous nous relevons, difficilement des fois, et d’autres fois nous n’y parvenons pas. Nous sommes victimes de trahison, de jalousie, de méchanceté de la part de gens qui ne souhaitent que notre échec, notre mort. Nous nous sacrifions pour des individus qui, en réalité, n’en valent pas la peine.
L’égoïsme, l’individualisme nous poussent à piétiner les règles les plus élémentaires de la vie en société. Alors, nous passons notre temps à transgresser, à comploter, à manipuler, à faire des coups bas, à escroquer, à mener une vie immorale, à désirer des choses qui ne nous sont pas destinées, la femme ou le mari d’autrui, à satisfaire nos plaisirs immédiats, à chercher à avoir tout pour nous. Nous négligeons notre âme, succombons facilement aux pièges de vices comme l’avarice, l’orgueil, la jalousie, l’envie et la luxure. Nous faisons des promesses que nous ne tenons jamais, brisons l’espoir de pauvres gens qui comptent sur nous. Et passons notre temps à mentir comme … un arracheur de dents.
Parfois, il nous arrive de souffrir, croyant que nous étions le seul dans cette condition. Nous nous victimisons, oubliant qu’à côté, il y en a qui vivent pire. Nous sommes dans les ténèbres et souffrons pour voir le bout du tunnel. Nous implorons Dieu, et quand Il reste sourd à nos invocations, nous nous révoltons contre Lui, lui tournons le dos, renions notre foi. Jour après jour, nous enterrons un à un les êtres qui nous sont chers. Impuissants, nous le sommes face à la volonté divine. Ce que nous ne voulons pas entendre, c’est que chaque jour nous rapproche davantage de la mort. Et qu’un jour ou l’autre, viendra notre tour d’y goûter.
Dommage qu’au crépuscule de notre existence, nous ne nous remettions pas en question ! Nous ne faisons jamais le bilan de notre âme, de nos journées. Tout ce que nous savons bien faire, c’est de nous regarder dans notre miroir pour voir nos petits défauts, nos imperfections. Et de nous réjouir de nous voir si beaux, resplendissants de forme ou de pleurer de nous voir laids comme un pou, à faire peur. Mais intérieurement, sommes-nous bons ? « L’intelligent, c’est celui qui se remet en question et qui œuvre pour ce qui vient après la mort. L’incapable, c’est celui qui laisse son âme suivre ses passions, qui a beaucoup d’espoir alors qu’il n’agit pas en conséquence », a dit le Sceau des Prophètes (Psl).
Malheureusement, nous baignons dans une insouciance flagrante, alors que nous devrions nous demander ce que nous avons réellement fait de notre vie, si nous avons bien accompli nos devoirs spirituels et recherché l’agrément d’Allah. Bref, si nous avons bien rempli notre mission sur terre. Un vrai examen de conscience !
Par Samba Oumar FALL
sambaoumar.fall@lesoleil.sn