Un jeu de comparaison est-il possible entre la « Nakba » (en arabe nakba signifie « catastrophe » ou « désastre ») de 1948 et ce que vit le peuple palestinien depuis le 7 octobre 2023 ? Cette dernière date renvoie aux attaques sanglantes du 7 octobre 2023 menées en Israël par le Hamas et qui ont déclenché une guerre sans merci dans la bande de Gaza.
Dix-neuf mois après, l’escalade dans le conflit israélo-palestinien a détruit des milliers de vies et ébranlé l’équilibre de toute la région. Selon le dernier décompte du ministère de la Santé du Hamas, jugé fiable par les Nations unies, le bilan s’élève à 53.655 morts dans la bande de Gaza, dont une majorité d’enfants et de femmes, depuis le 7 octobre 2023, date du lancement de la guerre israélienne contre l’enclave palestinienne. C’est le stade « Amitié » (aujourd’hui Léopold Sédar Senghor, récemment rénové) rempli de cadavres. Des images insupportables, puisque certains cadavres ont été déchiquetés, morcelés, réduits en cendres et restes humains qu’il serait très difficile de les regarder. Des morts au milieu de débris d’immeubles, de bâtiments. A ces milliers de morts, un génocide certain au vu et su de la communauté internationale, s’ajoutent les centaines de milliers de blessés physiques, de blessés à vie. Des peuples qui continueront de trainer à vie les séquelles d’une existence.
Il y a d’ailleurs de quoi s’interroger sur le quotidien des populations palestiniennes nées et élevées sous les sifflements des armes, des tirs, d’attaques, des bombes… Et qui, à coup sûr, périssent le plus souvent sous ces attaques. A ce quotidien plus que difficile, vient s’ajouter, ces derniers temps, la privation de nourriture aux populations par un blocus imposé par Israël. Des images insoutenables montrant des enfants affamés, réduits en os puisque malnutris, écoeurent. L’autorisation ces dernières 48 heures de quelques camions chargés de vivres n’est qu’une goutte d’eau dans la mer. On note une indignation de la communauté internationale, des Occidentaux particulièrement. Que vaut-elle face au soutien indéfectible des Etats-Unis à Israël ? C’est pourtant plus qu’un génocide qui se joue dans ces Territoires occupés. Ainsi appelés en référence aux territoires palestiniens occupés et délimités par la ligne d’armistice de 1949 (ligne verte), dévolus théoriquement à la constitution d’un Etat palestinien, et actuellement occupés et colonisés par Israël.
De nombreux pays occidentaux (France, Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne…) ne se retrouvent pas présentement dans l’escalade israélienne et ne manquent pas de le faire savoir. L’on peut légitimement s’interroger sur leur responsabilité dans la permissivité accordée au petit et puissant Etat hébreu qui semble régenter la marche du monde. Si ces Etats occidentaux s’indignent aujourd’hui, il serait judicieux de leur rappeler que d’autres s’étaient déjà indignés depuis. Et nous nous interrogeons sur leur niveau d’indignation et sa durée tant qu’ils sont susceptibles de redevenir les premiers défenseurs et soutiens d’Israël. Revenons au concept Nakba pour dire que même s’il désigne généralement l’exode palestinien de 1948 et la défaite des pays arabes lors de la première guerre israélo-arabe, il est également synonyme du déplacement forcé de 700.000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël en 1948.
Ce terme a été forgé sous la plume de Constantin Zureiq, un célèbre intellectuel syrien, né dans un foyer grec orthodoxe de Damas. Et il est depuis entré dans le dictionnaire politique arabe avant de pénétrer les consciences du monde entier. La Nakba de 1948 a engendré les catastrophes actuelles. Elle en a enfanté d’autres au fil de l’évolution des relations israélo-arabes. Des confrontations plutôt. Avec la bénédiction de l’Occident. Au Yémen, au Soudan, en Libye, au Congo et dans de nombreuses autres contrées du monde, des nakba se jouent sans une meilleure implication de la communauté internationale pour apaiser et éteindre les foyers de tension. ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn