La semaine dernière, le 25 juillet, à Banjul, en Gambie, nous étions distingués dans l’édition inaugurale du Premier prix de la Cedeao pour les médias, organisée dans le cadre du cinquantenaire de l’instance régionale.
Avec notre article publié dans Le Soleil du 14 et 15 août 2023 et intitulé « Aidons la Cedeao à avoir une renaissance et un nouvel air de jouvence », nous étions avec 11 autres professionnels ouest-africains primés. En discutant avec ces autres confrères en provenance de plusieurs pays de notre espace régional, nous avons pu voir que leurs productions en radio, télé, presse écrite et en ligne, touchaient des domaines aussi variés que la paix et la sécurité, intégration économique, droits humains, l’éducation, la santé, l’énergie, la justice, etc.
Autant de secteurs dans lesquels l’organisation régionale s’active depuis sa création en 1975. D’abord orientée vers l’intégration économique, la Cedeao s’est glissée après dans le terrain de la paix et de la sécurité, démocratie et droits humains. Par manque de communication et de comminity building, beaucoup de ses succes stories ne sont pas vulgarisés ou pas connus des populations ouest-africaines qui en sont les premières bénéficiaires.
L’une des résonnances les plus récurrentes et fréquentes de ce cinquantenaire d’existence de la Cedeao est sans doute ses réactions face aux ruptures constitutionnelles qui ont rythmé l’Afrique de l’Ouest ces dernières années. Cela a ainsi profité aux pourfendeurs de l’organisation jusqu’à même demander sa suppression, surtout avec l’épisode de la scission des pays de la Confédération des États du Sahel (Aes).
Alors que sur le plan africain, par son demi-siècle d’existence, la Cedeao, avec son expérience, se détache de loin parmi les autres entités régionales africaines d’intégration. Que ce soient l’Union du Magrheb arabe (Uma), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceaac), la Communauté de l’Afrique de l’Est (Eac), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc), aucune de ses structures ne dépasse l’organisation ouest-africaine en termes d’acquis liés à l’intégration régionale.
Ce n’est pas pour rien qu’en 2017, un pays comme le Maroc, même en étant membre d’une autre communauté économique régionale, l’Uma, avait déposé une demande d’adhésion à la Cedeao. Mais malgré toutes ses prouesses, la Cedeao ne manque pas de faiblesses qui obstruent sa marche vers une communauté économique régionale d’envergure. L’hypertrophie de certains de ses organes comme la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement qui domine les autres structures comme nous en voyons dans le fonctionnement des pays africains doit être ainsi revue et corrigée. Aussi, avec le renforcement du Parlement de la Communauté et sa Cour de justice, il y aura peut-être une atténuation de la prépondérance de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement.
Proposer des élections directes des députés du Parlement de la Cedeao comme c’est le cas pour le Parlement européen serait une première étape pour que cette institution parlementaire soit replacée au centre des préoccupations et des opinions ouest-africaines. L’autre chantier, au-delà de l’institutionnel, c’est de remettre le projet d’intégration au cœur de la vie des populations afin que la Cedeao puisse avoir plus de poids et être ainsi la voix des sans voix en devenant ainsi la Cedeao des peuples, ce vœu pieux et radieux, tant souhaité et chanté depuis sa création. Avec une population composée majoritairement de jeunes, il faudra ainsi miser sur des activités comme le sport, la culture, pour intéresser la jeunesse aux chantiers de l’intégration. En plus des traditionnels tournois de lutte organisés par la Cedeao, il faudra associer le football ou des festivals culturels afin d’aider l’instance régionale à s’ancrer davantage dans les sentier de l’intégration.
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