L’humain, lorsqu’il le décide, peut réaliser des choses extraordinaires. Et c’est à juste raison que certains penseurs disent très souvent que vouloir c’est pouvoir.
En Chine, les réalisations faites dans le désert de Kubuqi l’illustrent éloquemment. Dans cette partie de la Chine, à force de conviction et d’abnégation, des personnes ont réussi à transformer un désert en forêt. En 2017, ils avaient pu reverdir le tiers de ce désert qui se trouve à 800 km au nord de la capitale. D’ailleurs, pendant longtemps, il a occasionné des nuages de poussière sur Beijing. Une poussière qui n’a pas épargné les Kubuqi. Tout au contraire. Très souvent, la route qui mène vers la mine de sel qui emploie principalement les habitants de la localité était envahie par des dunes obstruant l’accès au site de production. Le propriétaire a alors eu l’ingénieuse idée de planter le long de la route des arbres pour stopper les dunes. Dix mètres de part et d’autre. Au bout de quelques années, la mayonnaise a pris.
Les arbres ont grandi, constituant un barrage naturel contre le sable. La route fut libérée. Le propriétaire ne s’arrête pas là. Il s’est dit puisque son idée a fonctionné mieux vaut reverdir le désert. Une idée folle qui a fini par triompher. Sur les 18.000 km2, il a réussi à reverdir les 6.000. Une prouesse dans un environnement où il n’y avait presque pas de vie. En plus de la flore, il y a maintenant une faune. Un écosystème qui a permis au propriétaire d’investir dans le tourisme intégré. Il a construit un très grand hôtel, avec des terrains de golf, un club hippique. Tout au long de l’année, le réceptif accueille plusieurs manifestations, le rendant viable et autonome. Les anciens employés de la mine de sel sont versés dans la nouvelle entreprise touristique. Un rapport avec l’environnement doublement profitable.
À partir du néant, un entrepreneur a créé une startup prospère. Si on reste toujours en Chine, comme c’est le cas dans la plupart des pays asiatiques mais aussi occidentaux, le volet environnemental est systématiquement incorporé dans la construction des infrastructures routières. Au Singapour, micronation par excellence, il existe une loi qui oblige les investisseurs dans le secteur de l’immobilier à planter, au moins, autant d’arbres que d’étages. Toute chose qui contribue à végétaliser notre environnement, mais aussi et surtout à rendre notre cadre de vie vivable. En Afrique, en particulier dans le Sahel, il existe une initiative ambitieuse mais quelque peu brinquebalante.
Il s’agit de la Grande muraille verte qui a principalement comme but de stopper l’avancée du désert et d’atténuer le changement climatique dans cette partie du continent. Plus précisément, il s’agit de restaurer 100 millions d’hectares de terre dégradés, de créer 10 millions d’emplois et de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone d’ici à 2030. Par la même occasion, il sera question de créer un rideau végétal de 15 km de large et 7.800 de long, traversant 11 pays, du Sénégal à Djibouti. Au Sénégal, il faut le dire, le projet a relativement pris des ailes. En revanche, dans d’autres pays, il bat de l’aile. Mis à part cette initiative transnationale, le cadre de vie en particulier et l’environnement de manière générale méritent plus de considération.
Certes, il y a une journée de l’arbre institutionnalisée au Sénégal qui se fête chaque année au début du mois d’août, mais c’est loin d’être suffisant. Notre rapport avec l’environnement ne doit pas se résumer en 24 heures. Il doit être quotidien. Dans nos villes, où nous sommes de plus en plus à l’étroit, nous n’avons presque pas d’espaces verts et de moins en moins d’arbres. Du béton de plus en plus présent. Des arbres de plus en plus absents. En milieu rural, c’est encore pire, il est vrai que les villages se végétalisent, mais la déforestation a atteint un niveau critique. Malheureusement, on a perdu l’habitude de planter des arbres, ne serait-ce que pour l’incontournable Co2, l’indispensable bois ou encore les délicieux fruits qu’ils nous procurent. L’arbre c’est la vie ! aly.diouf@lesoleil.sn