Macky Sall à l’Onu ? Si des médias poussent à la roue cette éventualité, en valorisant l’expérience et la notoriété internationale du nouveau « Marrakchi », elle n’est pas étayée par des déclarations dans ce sens du patron de l’Apr ; du reste, si cette « campagne » est « politiquement » chargée, elle n’est pas du tout diplomatique, mais surtout porteur d’un autre message, subliminal celui-là, destiné à l’opinion publique, mais aussi à ceux qui, à l’étranger, observent les subtilités des recompositions post-alternance au Sénégal.
C’est le continuum d’une bruyante présence médiatique entretenue par les effets d’une intense activité loin du pays, mais près des puissants de ce monde grâce à son carnet d’adresses, toutes choses concourant à le maintenir dans le jeu. Même virtuellement. Mais les mémoires sont-elles inhibées au point d’oublier le poids des contradictions qui déterminent encore les postures ? Le Président Bassirou Diomaye Faye ne disait-il pas récemment « être au courant des agissements » de son prédécesseur contre lui ? C’est le même qui a maintenant les prérogatives pour faire porter par le Sénégal ce « projet » attribué à Macky Sall. Ambiance…. Dans les faits, il n’existe pas dans la Charte des Nations unies une disposition formelle obligeant un candidat au poste de Secrétaire général à être présenté par son pays.
Cependant, dans la pratique diplomatique, le soutien explicite du pays d’origine du candidat est devenu la norme. Depuis 2016, le processus a été rendu plus transparent grâce à une résolution de l’Assemblée générale, qui recommande que les candidatures soient formellement présentées par les États membres. Ce n’est pas la première fois que la candidature d’un homme d’État sénégalais au poste de Secrétaire général de l’Onu est évoquée. Il faut d’emblée rappeler que le Pr Ibrahima Fall, ancien ministre de l’Enseignement supérieur (1983-1984) puis des Affaires étrangères (1984-1990) a mené une respectable carrière au building de verre, à Manhattan, et dans des bureaux décentralisés de l’organisation, qui le prédisposaient à prétendre au poste.
En effet, il y a été sous-secrétaire général aux droits de l’Homme et directeur général adjoint de l’Office des Nations unies à Genève, puis sous-secrétaire général aux affaires politiques à New York, chargé des affaires politiques africaines (1997-2002) ; et sous-secrétaire général, représentant spécial du secrétaire général pour la région des Grands Lacs, de 2002 à 2007. C’était sous le dernier mandat du Secrétaire général ghanéen, Koffi Annan. Malgré ses états de service, il eut fallu le « parrainage » du Président Wade pour faire aboutir le projet, encore que le principal intéressé n’a jamais évoqué la question publiquement. Cette candidature du Pr Ibrahima Fall n’aurait du reste pas prospéré en raison du principe de rotation au poste.
Bien avant le juriste de renom, le nom du président Abdou Diouf avait été avancé pour le poste alors qu’il était encore en fonction, à la tête de l’État. Dans le « Washington Post », – daté du 20 novembre 1996 -, un journaliste du quotidien Us, John M. Goskho, écrivait en marge d’une enquête sur l’Onu que « lors du choix du nouveau Secrétaire général en 1991, Abdou Diouf, alors président du Sénégal, était mentionné parmi les candidats africains potentiels ». On peut rappeler les propos du même Président Abdou Diouf, lors d’un congrès du Parti socialiste, lançant à la foule de ses inconditionnels, « avec vous j’y suis, avec vous j’y reste », pour faire taire les folles rumeurs qui, à l’époque, en faisaient un potentiel successeur au Péruvien Javier Perez de Cuellar.
C’était le tour de l’Afrique. En 2026, ce ne sera pas le cas, car, toujours selon le principe de rotation, après le Portugais Antonio Guterres, le poste devrait revenir à l’Amérique latine continentale ou aux îles Caraïbes. Selon le Financial Times de ce week-end de Pentecôte, l’Argentin Raphael Grossi, le boss de l’Agence internationale de l’énergie atomique, a lancé sa pré-campagne pour le poste de Secrétaire général de l’Onu. Après l’annonce de l’Argentin, sont également attendues celle de Rebeca Grynspan, vice-Présidente du Costa Rica et actuelle Cheffe de la Conférence de l’Onu pour le commerce (Cnuced), et celle de Mia Mottley, Premier ministre de Barbade. Ces déclarations d’intention ont lieu alors que de nouvelles voix s’élèvent en faveur d’une femme à la tête de l’Onu, dans un contexte où la parité de genre s’impose de plus en plus dans les hautes fonctions internationales. samboudian.kamara@lesoleil.sn