Décidément, c’est à croire que l’hypocrisie est devenue un art de vivre dans ce monde où la conscience diplomatique fait terriblement défaut. Un art même théâtral, pour reprendre les termes de Guy Sadate. Sinon comment comprendre les bombardements israéliens sur Gaza à seulement quelques heures du voyage de Donald Trump en Arabie saoudite, première étape d’un périple qui l’a mené au Qatar et aux Émirats arabes unis.
Des bombardements (une quinzaine de morts dont un journaliste) à travers lesquels le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dit à qui veut l’entendre que son projet de « rayer » Gaza de la carte du monde, d’affamer et d’écraser ses habitants reste intact. Fort de l’appui du même Trump qui, partout et dans tous ses actes et discours, affiche son soutien inconditionnel à l’État hébreu. Fermant ainsi les yeux sur le meurtre systématique qui se déroule actuellement en Palestine. En fait, il ne s’agit pas de reprocher à qui que ce soit d’avoir une position et de l’assumer. Publiquement. Officiellement. Surtout que dans le cas précis de l’élu républicain, la démarche est constante : défendre et protéger les intérêts du peuple israélien. Tout le monde se désole de voir la souffrance des Palestiniens, mais jusqu’ici aucune action d’envergure n’est faite pour contraindre Israël à arrêter de massacrer les civils. Où est la fameuse communauté internationale ?
Elle qui est d’habitude si exigeante en matière de droits de l’Homme. Où sont les grands médias ? Ils ne donnent plus ou peu la parole aux citoyens-humanistes qui défendent la cause palestinienne, de peur de se voir coller l’accusation fantaisiste « d’apologie du terrorisme ». Où sont tous ces hommes et femmes épris de justice et attachés au respect de la dignité humaine ? Presque tous ont abandonné la Palestine, se limitant à des soutiens de façade et à des déclarations hypocrites du genre « nous appelons Israël à arrêter de bombarder les civils, mais le Hamas doit libérer les otages ». Une manière sournoise de dire à Tsahal de continuer à tuer jusqu’à la libération du dernier otage. Quel cynisme ! Surtout quel manque d’humanisme ! En réalité, c’est le monde qui est orphelin de grands hommes porteurs d’un idéal et des valeurs humanistes telles que l’empathie, la tolérance et le respect de la dignité humaine. Gaza n’est donc pas un cas isolé. Ailleurs, sur beaucoup d’autres dossiers, on note la même posture hypocrite de dirigeants, d’experts et de membres de la société civile.
L’exigence du respect de la dignité et du droit des peuples est à géométrie variable, nous indiquant clairement qu’elle est fonction des intérêts des pays et des acteurs impliqués. Les conflits entre la Russie et l’Ukraine, la République démocratique du Congo et le Rwanda, l’Inde et le Pakistan etc… sont là pour le prouver. Tout cela pour dire que le mal est profond. Et ce n’est pas demain la fin de cette politique de l’autruche. En attendant, suivons les sages recommandations de l’actrice française, Juliette Binoche, qui nous demande de faire naître la douceur et de guérir nos peurs et nos égoïsmes pour stopper les conflits, la misère et la barbarie. En un mot, elle nous supplie de changer de cap, indépendamment de tout calcul politicien, au nom de tous ces femmes et enfants, journalistes et humanitaires qui endurent la terreur et meurent dans un terrible sentiment d’abandon. abdoulaye.diallo@lesoleil.sn