À part Matam, Kanel, Ranérou, Goudiry, Gossas et Podor, tout le reste des départements du Sénégal est tombé dans l’escarcelle de Pastef. Un raz-de-marée qui redessine une nouvelle carte électorale.
Les dernières vaguelettes du raz-de-marée électoral de Pastef s’étant tassées, le Sénégal se réveille avec une domination territoriale du parti présidentiel encore plus prononcée que ce qu’avaient laissé entrevoir les résultats du dernier scrutin qui l’a porté au pouvoir. La tache verte, couleur du parti des Patriotes, s’est élargie vers des bastions de l’ancien régime qui avaient pourtant résisté à la poussée pastéfienne lors de l’élection présidentielle de 2024. Parmi eux, Fatick et Dagana.
Deux villes symboliques à plus d’un titre. La première est le fief de l’ancien Chef de l’État et tête de liste de la coalition « Takku Wallu », Macky Sall, qui en fut le maire. La deuxième était, depuis 1996, la chasse gardée de Oumar Sarr dont il est l’édile depuis cette date. Cette fois-ci, les murs de ces deux forteresses n’ont pu résister aux coups de boutoir de Pastef, même si la bataille, comme les résultats l’ont montré, a été rude. Même Foundiougne, qui a toujours plébiscité son fils, Macky Sall, a basculé dans le camp de Ousmane Sonko. Et puis, il y a cette grande conurbation que dessinent les localités du sud-est allant de Bakel à Kédougou en passant par Tamba, englobant Koumpentoum, Koungheul voire Kaffrine, Kaolack et Linguère.
Tous ces départements sont passés sous la bannière verte alors qu’ils ont constitué, pendant longtemps, des bassins électoraux fidèles à l’ancien régime. Aujourd’hui, les seuls îlots de résistance sont les départements de Podor (région de Saint-Louis), de Matam, de Kanel, de Ranérou, mais aussi de Goudiry (région de Tamba) et de Gossas (région de Fatick). Dans ce dernier département, ce n’est pas la coalition de l’ancien Président de la République qui a gagné, mais il peut se consoler à l’idée que c’est l’un de ses anciens collaborateurs, l’ex-directeur général de Pétrosen Holding, Adama Diallo, qui a eu le dernier mot devant Pastef.
Une sacrée performance. En dehors de lui, de « Takku Wallu » et de Jam ak Njeriñ, aucune autre liste n’a pu se permettre le luxe de remporter un département sur les 46 que compte le pays. Quant à la région de Matam et ses trois départements, certes le Pastef a fait une percée louable en termes de scores, mais force est de reconnaître que la tête de liste de « Takku Wallu » y jouit encore d’un capital-sympathie qui est loin de s’éroder. Pour l’instant, c’est la seule région qui échappe, dans son intégralité, à l’hégémonie de l’ogre Pastef.
Ce parti s’y est encore cassé les dents, certes, mais il faut s’attendre à ce que, la prochaine fois, qu’il revienne à l’assaut avec des crocs plus aiguisés.
Elhadji Ibrahima THIAM