Aux États-Unis, un mouvement afrophobe, Foundational black american, se développe depuis la publication d’une vidéo devenue virale de l’influenceuse africaine-américaine Shea’s Shelf. Dans le courant du mois de juillet, elle a demandé le boycott, du 1er au 31 août 2025, des commerces détenus par les immigrés africains. Dans son message, elle déclare : « Il est temps de boycotter les salons de coiffure spécialisés dans les tresses. Arrêtons d’y aller. Nous savons comment faire des tresses. Coiffons-nous nous-mêmes. Soutenons nos petites entreprises locales ». Dans un pays où le « Buy Black » (acheter chez les Africains-Américains) est devenu une arme redoutable de la communauté africaine-américaine, le mouvement a rapidement gagné en ampleur. Et la controverse s’est davantage amplifiée après le festival Essence de La Nouvelle-Orléans. Cette année, certains participants à cet événement majeur de la culture africaine-américaine le trouvent trop « africanisée ». Et pour eux, les immigrés africains ne comprennent pas l’identité africaine-américaine.
Selon une étude du Selig center for economic growth datant de 2021, 48 millions de consommateurs noirs étatsuniens ont un pouvoir d’achat estimé à 1 400 milliards de dollars par an. Pour le Foundational black american, il faut donner de la valeur à l’argent des Africains-Américains en achetant chez les membres de la communauté.
Ce boycott, qui doit durer un mois sur toute l’étendue du territoire américain, n’est pas suivi par tous les Africains-Américains. Des voix comme @mercurialluvr refusent de boycotter l’ensemble des entreprises africaines sur la base de la mauvaise expérience d’une femme victime d’un mauvais service client de la part d’une personne qui se trouve être africaine.
Pendant ce temps, la Tanzanie a adopté de nouvelles restrictions interdisant aux étrangers d’exercer une quinzaine d’activités. Des secteurs considérés par le gouvernement comme essentiels à la création d’emplois et de revenus pour les citoyens. Parmi les activités interdites figurent l’exploitation de salons, de petits commerces de détail, de restaurants et de transfert d’argent mobile ; la réparation de téléphones portables ; les services liés au tourisme ; les services de nettoyage domestique, de bureau et environnemental ; l’exploitation minière à petite échelle et la livraison locale de colis ; l’exploitation de boutiques de souvenirs, de musées, de stations de radio et de télévision ; les transactions immobilières ou commerciales ; les services de compensation et d’expédition ; l’achat de récoltes directement auprès des fermes ; les opérations de jeu en dehors des casinos agréés ; la possession ou la gestion des micro et petites industries.
Le règlement prévoit, en plus du retrait du permis de séjour et le visa, des amendes pouvant aller jusqu’à 10 millions de shillings tanzaniens (3 898 dollars) et une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à six mois, ou les deux, pour le contrevenant. Les citoyens « complices » s’exposent également à une amende de 5 millions de shillings tanzaniens (1 949 dollars) ou jusqu’à trois mois d’emprisonnement. Face à ce nationalisme, le Kenya a officiellement protesté. Son ministère du Commerce a saisi le Secrétariat général de la Communauté d’Afrique de l’Est (Eac), estimant que cette interdiction viole le Protocole sur le Marché commun.
Au Sénégal, on n’est pas totalement à l’abri de ces pratiques. Lors des élections législatives du 17 novembre 2024, des candidats ont surfé sur la vague. Si la tête de la liste majoritaire du parti « Ensemble pour le Sénégal » Mamadou Salif Sow a dragué la communauté sénégalaise d’origine guinéenne, qui a la mainmise sur le petit commerce, pour en faire un électorat sûr, celle de « Les nationalistes / Jël Linu Moom », Tahirou Sarr, a plutôt insisté sur les éventuelles menaces. Celle de Pastef, Ousmane Sonko, qui a remporté le scrutin, a tenté de rassurer les membres de ladite communauté. Le Premier ministre qu’il est, est par la suite allé en Guinée pour rappeler à Conakry les liens fraternels qui nous unissent. Petit commerce, gros enjeux !
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