Fini les éliminatoires pour la Coupe du monde 2026 pour la zone Afrique. Les qualifiés directs sont bien connus depuis mardi dernier. Nous autres, Sénégalais, pouvons nous enorgueillir de faire partie de l’odyssée américaine (Canada, Mexique, États-Unis). Le Sénégal a tenu son rang avec cette quatrième qualification à la messe du foot mondial, la troisième consécutive. L’Afrique de l’Ouest est bien servie avec quatre qualifiés directs (Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal). Le reste de l’Afrique subsaharienne s’en tire qu’avec l’Afrique du Sud qui va goûter aux délices d’un Mondial pour la première fois après celui qu’il avait eu à accueillir sur son propre sol en 2010, le seul d’ailleurs à n’avoir jamais été organisé sur le continent. Les autres places reviennent à l’Égypte et à des pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie).
Ces pays qualifiés semblent bénéficier, a priori, d’une prime à la démocratie ou à la stabilité. Les quatre pays de l’ouest-africain se caractérisent par une certaine stabilité politique, des alternances réussies et un processus démocratique en marche. Le Cap-Vert est une petite nation d’Afrique de l’Ouest, avec dix îles et un demi-million d’habitants. La curiosité reste d’analyser le fonctionnement démocratique du Cap-Vert puisqu’il fait partie d’une région où la démocratie est souvent menacée.
Ce qui fait la particularité de la démocratie capverdienne, c’est qu’elle est l’un des rares pays africains où elle semble être bien exécutée. Le plus petit pays à se qualifier au Mondial brille également par l’importance de sa diaspora qui est plus nombreuse que la population du territoire national. Tout comme son voisin sénégalais connu pour sa stabilité, le Cap-Vert est vu comme un modèle de démocratie dans une Afrique en proie à des coups d’État. Ils sont donc deux exceptions, deux îlots de stabilité épargnés par l’irruption de militaires. Le long règne de Jerry Rawlings au Ghana semble avoir permis de jeter les bases d’une véritable démocratie dans ce pays où les dirigeants se succèdent selon la volonté populaire. Ainsi, le dynamisme de la démocratie ghanéenne et son fonctionnement pacifique sont unanimement salués. L’autre géant ouest-africain, la Côte d’Ivoire, a connu certes de nombreux dirigeants à sa tête, mais doit parachever sa démocratie qui reste paradoxale et ambivalente. Du concept d’ivoirité, forgé pour écarter l’actuel président Alassane Ouattara à l’époque par le président Henri Konan Bédié, à l’exclusion de l’ancien président Laurent Gbagbo et au leader de la formation historique Pdci, Tidjane Thiam, de l’élection du 25 octobre prochain en passant par le coup d’État du général Robert Gueï (24 décembre 1999), la démocratie ivoirienne se cherche.
Pour l’Afrique du Sud, le génie du président Mandela a permis de le réconcilier avec lui-même après des décennies d’apartheid, mais surtout de le placer sur les rampes d’une démocratie modèle nonobstant la domination étouffante de la population noire qui envoie ses représentants à la présidence au nom de ce « one person, one vote ».
Pour le Maghreb, dont certains pays ont été en proie aux contestations populaires, d’ampleur et d’intensité très variables, qui se sont produites dans de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010 et qui ont pour nom le « Printemps arabe », la marque de ces pays reste une certaine stabilité. Ce « Printemps arabe » a été marqué par le départ des chefs d’État en Tunisie, en Égypte, et au Yémen et même la mort du dirigeant du pays en Libye. D’autres dirigeants ont émergé par la voie des urnes même si l’émergence de l’islamiste Mohamed Morsi (juin 2012-juillet 2013) a été stoppée net par l’irruption des militaires dirigés par Abdel-Fath Al Sissi.
Le Maroc reste un royaume où les récriminations et clameurs populaires ont peu de chance de faire vaciller le trône. Les derniers appels du Mouvement Gen Z ont eu peu d’emprise sur le pays. Par contre, Madagascar qui vit présentement un coup d’État avec la fuite du président Andrey Rajoelina, a terminé 2e du Groupe I derrière le Ghana et rate la qualification. Tout comme le Cameroun, qui vit une après-élection du 12 octobre difficile avec l’attente des résultats, qui se classe à trois longueurs derrière le Cap-Vert dans le Groupe D.
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